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MINISTÉRIALISME

Un socialiste peut-il faire partie d'un gouvernement bourgeois ? Le débat engagé dans le mouvement socialiste français, puis européen, autour du ministérialisme, fut provoqué par l'entrée d'Alexandre Millerand dans le ministère Waldeck-Rousseau, le 22 juin 1899. Il apparaît à la fois comme une conséquence de l'importante poussée électorale socialiste des années quatre-vingt-dix et comme une réaction aux menaces que la droite faisait peser sur la démocratie, dans un climat marqué par l'affaire Dreyfus. En effet, l'insertion croissante du mouvement socialiste dans la gauche française renforce ceux qui estiment que l'État républicain est un lieu d'où il est possible d'agir dans le sens de la démocratie et de l'amélioration de la condition ouvrière. De plus, la rupture entre le syndicalisme révolutionnaire et le socialisme des partis contribue à augmenter la pression électoraliste et réformiste sur les organisations socialistes.

Condamné par Jules Guesde, Édouard Vaillant, Jean Allemane et l'aile gauche du socialisme français, Millerand fut cependant approuvé par Jean Jaurès. Mais ses actes au gouvernement, en particulier ses tentatives pour intégrer le mouvement syndical, désillusionnèrent rapidement tous ceux qui avaient cru en un ministère protecteur des ouvriers. Le groupe socialiste à la Chambre des députés le désavoue, puis l'exclut en 1904.

Le ministérialisme lui-même se verra condamné par le congrès de l'Internationale socialiste (1904). Jusqu'en 1914, où la S.F.I.O. se ralliera à l'Union sacrée, la participation socialiste ne se fera plus au niveau gouvernemental mais sur le plan parlementaire, avec l'adhésion au Bloc des gauches.

— Paul CLAUDEL

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Paul CLAUDEL. MINISTÉRIALISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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