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PISTOLETTO MICHELANGELO (1933- )

Michelangelo Pistoletto est apparu sur la scène artistique italienne, dans le tout début des années 1960, avant que Germano Celant ne formule de manière critique la notion d'« arte povera ». S'il a participé à la plupart des manifestations du groupe, il reste un artiste qui résiste aux catégories existantes par le nombre d'expériences qu'il ne cesse de mettre en chantier.

Peintre, sculpteur, photographe, actionniste, écrivain, théoricien et philosophe, Michelangelo Pistoletto est né à Biella, près de Turin, en l933. Dès l'âge de quatorze ans, il commence à travailler avec son père, peintre et restaurateur. Entre 1956 et l960, il réalise une série d'autoportraits dans lesquels il réduit peu à peu le fond à une surface monochrome dorée ou argentée qu'il expose pour la première fois à la galerie Galatea de Turin en l960. À partir de l962, il met en œuvre un ensemble de pièces constituées par des images photographiques sérigraphiées sur acier poli, représentant un ou plusieurs personnages : Donne nude che ballano (Femmes nues qui dansent, 1964), ou Donna al cimitero (Femme au cimetière, 1962-1974, Musée national d'art moderne-Centre Georges-Pompidou, Paris). « C'est à partir du monochrome sans chrome, ce zéro total qu'était cette surface polie, écrit l'artiste, que toutes les images ont pu sortir... Il y avait là non seulement un portrait, mais, du fait de l'acier réfléchissant, l'autoportrait du monde. » Ces tableaux, posés à la verticale sur le sol, accueillent l'image du regardeur et son environnement, et « de fenêtre qu'il était le tableau devient porte ». La problématique du miroir, où la logique de la perspective est à la fois accomplie et renversée reste une constante dans l'œuvre de l'artiste qui la reprend périodiquement sous des formes et des installations différentes. Division et multiplication du miroir, sera en particulier le titre d'une grande exposition au P.S. 1, lieu avant-gardiste new-yorkais, en 1988.

La réalisation de la série des Ogetti in meno (Objets en moins), qui occupe Pistoletto de 1965 à 1967, marque, dès cette époque, sa volonté de transgresser en permanence toute notion d'unité stylistique et un souci constant d'adapter le développement de l'œuvre à une réalité changeante et contingente. Processus de travail radical, concept et réalisation confondus, l'ensemble voit naître chaque jour un nouvel objet, le plus souvent éphémère, dont le matériau, la forme et l'intention sont fonction d'un système de perception qui se distingue du précédent comme du suivant. Ainsi, l'aspect hétéroclite de telles œuvres, qu'il s'agisse de Metro cubo di infinito (Mètre cube d'infini, 1965-1966, Musée national d'art moderne-Centre Georges-Pompidou) aux allures minimalistes, dont les surfaces réfléchissantes tapissent l'intérieur du cube, ou cette Sfera di giornali, boule de carton-pâte constituée de papier journal que l' artiste fera rouler dans les rue de Turin avant de l'exposer lors d'une des manifestations de l'arte povera organisées par Germano Celant en 1967, à Amalfi. Parallèlement, Pistoletto fonde en l968 Le Zoo, une compagnie ouverte, sur le modèle du Living Theater, qui met l'accent, lors de ses interventions, sur une activité d'échanges intersubjectifs entre protagonistes et spectateurs.

Lors de ces années d'intense activité créatrice, fondée sur une volonté de renouvellement incessant, Pistoletto crée toute une série de pièces spectaculaires dont la base est un amoncellement de chiffons multicolores. Parmi les plus emblématiques, la Venere degli stracci (Vénus aux chiffons, 1967, Castello di Rivoli, Turin).

Ce moulage d'une Vénus très classique, offerte nue vue de dos, « mémoire d'un modèle ancien, dit Pistoletto, fait[...]

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Pour citer cet article

Maïten BOUISSET. PISTOLETTO MICHELANGELO (1933- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARTE POVERA

    • Écrit par Maïten BOUISSET
    • 1 637 mots
    • 1 média
    ...l'Italie, la galerie Sperone réunit en l966, sous le titre Arte abitabile, les artistes Giovanni Anselmo (1934-2023), Alighiero e Boetti (1940-1994) et Michelangelo Pistoletto (né en 1933). À Rome, la galerie L'Attico programme Spaziodeglielementi. Fuoco, Immagine, Acqua, Terra, où figurent ...

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