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CRÉPEAU MICHEL (1930-1999)

Né en 1930 à Fontenay-le-Comte (Vendée), avocat, membre du Parti radical dès l'âge de dix-huit ans, Michel Crépeau est élu maire de La Rochelle (Charente-Maritime) en 1971. Il le restera jusqu'à son décès. Dès 1973, il met en place la première zone piétonne de France et, en 1974, un système de vélos à la disposition de la population. Ce pionnier de l'écologie municipale innove encore en 1997 avec la « journée sans voitures ».

Élu député de la Charente-Maritime en 1973 (il ne sera battu qu'une seule fois, en 1993), Michel Crépeau a participé un an plus tôt à la fondation du Mouvement des radicaux de gauche (M.R.G.), scission de l'ancien Parti radical, où se retrouvent ceux qui refusent l'alliance centriste pour jouer la carte de l'Union de la gauche. Il succède d'ailleurs à Robert Fabre en 1978 à la présidence du M.R.G., et c'est tout naturellement qu'il se présente au nom de ce parti comme candidat à l'élection présidentielle de 1981.

François Mitterrand lui reprochera un temps ce qu'il considère comme une dissidence. Mais le score modeste obtenu par Michel Crépeau, 2,2 p. 100 des voix, se révélera précieux pour la victoire du candidat socialiste. La rancœur ne dure guère d'ailleurs. Michel Crépeau sera membre de tous les gouvernements de 1981 à 1986, d'abord comme ministre de l'Environnement (1981-1983), puis comme ministre du Commerce et de l'Artisanat (1983-1984), comme ministre du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme (1984-1986), enfin deux mois comme garde des Sceaux (févr.-mars 1986) en remplacement de Robert Badinter qui vient d'être nommé à la présidence du Conseil constitutionnel.

Depuis lors, Michel Crépeau passe pour un allié inconditionnel du Parti socialiste. Il échoue au congrès d'Avignon (octobre 1986) dans sa tentative de reprendre la présidence du M.R.G. qu'il avait quittée cinq ans plus tôt pour entrer au gouvernement. Il s'oppose à l'arrivée de Bernard Tapie en 1994 et aux velléités d'autonomie de Jean-François Hory, le président du parti à cette époque. L'échec et le départ de ces deux hommes permettent à Michel Crépeau de retrouver un peu de son influence d'antan. Depuis les élections législatives du 1er juin 1997, il présidait le groupe Radical, Citoyen et Vert, qui réunit les radicaux de gauche, les Verts et les chevènementistes.

Fidèle soutien de Lionel Jospin, il avait néanmoins multiplié les réserves sur plusieurs projets du gouvernement : de la loi sur les 35 heures, dont il craignait qu'elle ne crée guère d'emplois, à la limitation du cumul des mandats, lui qui était un « cumulard » convaincu ; de l'indépendance de la Justice, dont il redoutait qu'elle ne se retourne contre les gouvernements, à la baisse du taux de rémunération des livrets A, objet de son ultime combat.

Figure du Parlement, Michel Crépeau est pour ainsi dire mort en scène, tel Molière, dans ce théâtre qu'il aimait tant : l'Assemblée nationale. En fait, le député-maire de La Rochelle est décédé le 30 mars 1999 des suites du malaise cardiaque qu'il avait eu une semaine plus tôt en plein hémicycle. Il venait, avec sa verve habituelle, de plaider la cause des petits épargnants.

Sa voix nasillarde et son éloquence d'avocat (il parlait sans notes), son côté bon vivant et son éternelle bonne humeur l'avaient fait apprécier sur tous les bancs du Parlement, à gauche comme à droite.

— Bruno DIVE

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Écrit par

  • : journaliste éditorialiste à Sud Ouest

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Bruno DIVE. CRÉPEAU MICHEL (1930-1999) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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