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MERCURE, planète

Tectonique globale

La grille planétaire

Il existe sur Mercure de nombreux «  linéaments », c'est-à-dire des éléments morphologiques rectilignes : vallées, rides, escarpements, sillons, chaînes de cratères, parties rectilignes de piton central ou de lèvre dans certains cratères, etc. Ces éléments rectilignes sont d'origines très variées (et souvent mal comprises à cause de la mauvaise résolution des photographies) ; localement, leur disposition ne montre pas de cohérence manifeste. En revanche, la cartographie de ces linéaments (toutes morphologies confondues) pour de vastes surfaces montre une répartition azimutale relativement ordonnée : bien que d'origines variées, les linéaments semblent avoir réutilisé des accidents tectoniques préexistants qui avaient une répartition azimutale non aléatoire sur ces vastes surfaces. De plus, ces directions privilégiées sont observées sur presque toute la planète. On retrouve notamment les directions nord 200, nord 450, nord 1350 et nord 1600 dans toute la zone équatoriale.

Cette constance en direction d'un ancien réseau de fractures (ayant ensuite rejoué de diverses façons au cours des temps) a été découverte pour la première fois sur la Lune ; ce réseau a été appelé « grille ».

L'origine vraisemblable de telles grilles est à rechercher dans les changements d'ellipticité d'une planète lors de variations de sa vitesse de rotation sur elle-même, ou lors de sa réorientation globale causée par une forte anomalie de masse. De telles variations de vitesse et de forme engendrent des grilles présentant une symétrie par rapport à l'axe nord-sud, ce qui est le cas de la grille mercurienne en zone équatoriale. Le début de la formation de cette grille a été très précoce, antérieur à l'impact qui a formé le bassin Caloris, puisqu'elle a été réutilisée par les dislocations périphériques de ce bassin.

Les figures compressives

Observations

Une des originalités géologiques de Mercure est constituée par de longues falaises appelées escarpements lobés ou arqués. Ces falaises, de 500 à 3 000 mètres de hauteur et de 50 à 500 kilomètres de longueur, sont présentes sur toute la surface de la planète, surtout sur les plaines intercratères mais également parfois sur les plaines lisses. Elles traversent souvent des cratères et, dans deux cas, modifient leurs dimensions de façon décelable malgré la faible résolution des photographies : le diamètre du cratère mesuré perpendiculairement à la falaise peut être inférieur de 15 kilomètres au diamètre mesuré parallèlement à la falaise. Ce phénomène de raccourcissement et la morphologie des falaises conduisent à interpréter les escarpements lobés comme des failles compressives et des chevauchements. On ne connaît pas de figures extensives datant de la même époque. Ces structures seraient la conséquence d'une diminution du rayon de la planète due à son refroidissement, à cause, en particulier, de son très important noyau de fer. La diminution de la superficie de l'ensemble de Mercure a été estimée en mesurant le raccourcissement moyen de chaque accident et en le multipliant par la longueur totale de tous les escarpements. Elle correspond à une diminution du rayon de 2 kilomètres, c'est-à-dire légèrement inférieure à 0,2 p. 100. Cette contraction liée au refroidissement de la planète est tout à fait compatible avec le très net ralentissement du volcanisme observé.

La disposition des escarpements lobés est assez remarquable car elle correspond à peu près à celle des structures compressives orientées radialement au bassin Caloris. La formation de ces escarpements lobés ne peut donc pas être due uniquement à une contraction isotrope de la planète, mais semble avoir été, d'une façon ou d'une autre, influencée par le bassin Caloris.

Sur la Lune, un dispositif[...]

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Écrit par

  • : professeur de géologie à l'École normale supérieure de Lyon

Classification

Pour citer cet article

Pierre THOMAS. MERCURE, planète [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Mercure - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Mercure

Planètes internes - crédits : Courtesy NASA / Jet Propulsion Laboratory

Planètes internes

Mercure vu par Mariner-10 - crédits : Courtesy NASA / Jet Propulsion Laboratory

Mercure vu par Mariner-10

Autres références

  • ASTROLOGIE

    • Écrit par Jacques HALBRONN
    • 13 311 mots
    ...astronomiquement elle est satisfaisante, est en rupture avec une astrologie plus naïve et en phase avec le discours mythologique. Il apparaît que les affectations deMercure et de Vénus ont été inversées, tout comme ceux de Jupiter et de Mars avec lesquels ils sont respectivement en couple.
  • ESPACE (CONQUÊTE DE L') - Des pionniers à la fin de la guerre froide

    • Écrit par Jacques VILLAIN
    • 14 714 mots
    • 37 médias
    Planète la plus proche du Soleil et bénéficiant d'une température de surface variant entre — 180 0C et + 420 0C, Mercure a reçu en 1973 la visite de Mariner-10, qui avait auparavant étudié Vénus. Cette sonde a montré que la surface de Mercure est parsemée de cratères météoritiques et ressemble...
  • EXOBIOLOGIE

    • Écrit par Vassilissa VINOGRADOFF
    • 8 000 mots
    • 4 médias
    Mercure, la plus proche planète du Soleil est beaucoup trop chaude et avec trop peu d’atmosphère pour avoir réuni les conditions nécessaires au développement de la vie. Vénus, « sœur jumelle » de la Terre, présente au contraire une chimie organique relativement complexe, avec des molécules...
  • INTERACTIONS (physique) - Interaction gravitationnelle

    • Écrit par Alain KARASIEWICZ, Marie-Antoinette TONNELAT
    • 1 968 mots
    • 2 médias
    ...prédit des modifications aux orbites des planètes autour du Soleil par rapport à la théorie de Newton, modifications relativement importantes dans le cas de Mercure. Au xixe siècle, des astronomes avaient observé que le périhélie, c'est-à-dire le point le plus proche du Soleil sur l'ellipse formée par la trajectoire...
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Voir aussi