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BRADY MATHEW B. (1823 env.-1896)

Photographe américain célèbre pour ses portraits d'hommes politiques du xixe siècle et ses reportages photographiques sur la guerre de Sécession.

Né vers 1823 près de Lake George, dans l'État de New York, Mathew Brady se forme auprès du peintre William Page (1811-1885) et de l'artiste et inventeur Samuel F. B. Morse (1791-1872). Il fabrique des boîtiers et des cadres de daguerréotypes, avant d'ouvrir son premier studio de daguerréotypes à New York, en 1844, puis un second à Washington quatre ans plus tard, et enfin un plus vaste établissement, pourvu d'une galerie, à New York en 1852.

Le premier studio photographique ouvert par Mathew Brady à New York fut bientôt très en vogue et, dès 1845, il mit en œuvre un projet consistant à photographier le plus grand nombre possible de personnages célèbres – parmi lesquels Daniel Webster (1782-1852), Edgar Allan Poe (1809-1849), et James Fenimore Cooper (1789-1851). Brady rassembla une partie de ces portraits des plus illustres de ses compatriotes dans son ouvrage A Gallery of Illustrious Americans (1850), album de lithographies réalisées à partir de daguerréotypes qui lui valut, ainsi qu'à ses studios, une immense notoriété, dans son pays et même au-delà des frontières. Le photographe constitua également une collection complète de portraits de présidents américains, qu'il prit lui-même, dénicha ou fit copier ; hormis William Henry Harrison (1773-1841), qui mourut un mois seulement après son investiture, tous y figurent, depuis John Quincy Adams (1767-1848) et jusqu'à William McKinley (1843-1901).

Dès le début de la guerre de Sécession, en 1861, Brady décida de constituer des archives photographiques du conflit. Il engagea une vingtaine de photographes, dont les plus réputés sont Alexander Gardner (1821-1882) et Timothy O'Sullivan (1840-1882), et les envoya sur tous les fronts. Il refusait cependant de créditer les photographes qui travaillaient pour lui, aussi certains d'entre eux, comme Gardner et O'Sullivan, finirent-ils par démissionner. Dans cette entreprise, le rôle de Brady consista surtout à organiser et à superviser le travail de ses employés sur le terrain et dans les studios ; il lui arriva toutefois de se rendre lui-même sur le champ de bataille afin d'y effectuer des prises de vue, comme à Bull Run, Antietam et Gettysburg.

Ce projet causa la ruine financière de Brady. Persuadé que le gouvernement acquerrait le fonds photographique une fois la guerre achevée, il y avait investi 100 000 dollars – dont une partie avait fait l'objet d'emprunts. Mais son attente fut déçue. La crise financière de 1873 l'obligea donc à vendre son studio de New York et l'accula à la faillite. Incapable de payer les frais de stockage de ses négatifs, il les mit en vente aux enchères. Ceux-ci furent achetés par le ministère de la Guerre, pour 2 840 dollars. Grâce aux démarches de ses amis membres du gouvernement, Brady reçut finalement une subvention de 25 000 dollars de la part du Congrès. Il ne recouvrit toutefois jamais sa santé financière. Il mourut seul et oublié, le 15 janvier 1896 à New York, dans un hospice de charité.

— Universalis

Bibliographie

B. J. Lossing, Mathew Brady's Illustrated History of the Civil War, 1861-1865, and the Causes that Led up to the Great Conflict, Gramercy Books, New York, 1994

R. Meredith, Mathew Brady, photographe de Lincoln, trad. de l'américain par R. Boissel, coll. Champs visuels, L'Harmattan, Paris, 2004 (éd. or. 1946, nouv. éd. revue 1974)

M. Panzer, Mathew Brady and the Image of History, Smithsonian Institution Press for the National Portrait Gallery, Washington, 1997 ; Mathew Brady, trad. de l'anglais par E. Ok, coll. 55, Phaidon, Londres-Paris, 2001

E. Van Steenwyck, Mathew Brady : Civil War Photographer, F. Watts, New York, 1997.

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Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Pour citer cet article

Universalis. BRADY MATHEW B. (1823 env.-1896) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - Les arts plastiques

    • Écrit par François BRUNET, Éric de CHASSEY, Universalis, Erik VERHAGEN
    • 13 464 mots
    • 22 médias
    ...l'héritage protestant de l'exégèse du visage. Des « galeries » ambitieuses, comme celles d'Albert Southworth (et Josiah Hawes à Boston, et surtout de Mathew Brady à New York, démocratisèrent le portrait des célébrités, diffusant par diverses voies des effigies d'ores et déjà insérées dans le débat public....
  • GARDNER ALEXANDER (1821-1882)

    • Écrit par Universalis
    • 398 mots

    Photographe américain, né le 17 octobre 1821 à Paisley, près de Renfrew, en Écosse, mort en 1882 à Washington.

    Probablement arrivé aux États-Unis en 1856, Alexander Gardner est engagé comme portraitiste par le photographe Mathew B. Brady. Pour le compte de celui-ci, deux ans plus tard, il ouvre...

Voir aussi