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SCHNEIDER MARIUS (1903-1982)

Né à Haguenau en Alsace, le 1er juillet 1903, Marius (Jean-Marie, Alphonse) Schneider étudia la philosophie et la musicologie à Strasbourg et à Paris, où il travailla avec André Pirro ; dans la capitale, il étudia le piano avec Alfred Cortot. En 1930, à l'université de Berlin, il soutint une thèse de doctorat portant sur le haut Moyen Âge et l'ars nova français et italien, sous la direction du musicologue allemand Johannes Wolf (1869-1947). Il devint l'assistant de Erich Moritz von Hornbostel (1877-1935), directeur du Phonogramm-Archiv du musée de Berlin (1932-1934) et lui succéda en 1934. Le gouvernement nazi désapprouva son Habilitation à l'université de Berlin en 1937. Après la guerre, qu'il passa dans l'armée allemande, il fonda, en 1944, le département d'ethnomusicologie (dont il fut nommé directeur) à l'Institut espagnol de musicologie de Barcelone. Il obtint un poste d'enseignement au Consejo superior de investigaciones cientificas à l'université de Barcelone de 1947 à 1955. En 1955, son Habilitationsschrift sur l'histoire de la polyphonie fut acceptée par l'université de Cologne, où il enseigna la musicologie comparative et l'ethnomusicologie de 1955 à 1968. Après sa retraite, il enseigna à l'université d'Amsterdam de 1968 à 1970. Après sa thèse, Marius Schneider publia de nombreux travaux portant sur les origines et l'histoire de la polyphonie vocale, ce qui le conduisit à consulter plusieurs sources de musique non européenne. Au Liban, de 1963 à 1968, il fit des recherches sur la musique orientale. Utilisant la méthode comparative, il analysa les cultures musicales de plusieurs régions et tira des conclusions importantes concernant autant les techniques polyphoniques que leur distribution mondiale et leur relation historique. Son ouvrage Geschichte der Mehrstimmigkeit, publié à Berlin en 1934-1935, résumait ses premières recherches. Il s'intéressa au phénomène polyphonique dans la musique vocale de l'Afrique et du Caucase. Il étudia les relations entre la musique écrite des vieux manuscrits européens, les traditions de la musique folklorique ayant subsisté et les diverses cultures de l'aire méditerranéenne englobant le Proche-Orient. Il rédigea des études concernant la musique de régions spécifiques ou de groupes ethniques : Philippines, Mato Grosso (Brésil), Cameroun, Australie, Assam (Inde), Tunisie et, surtout, Espagne. À la fin de sa vie, il s'intéressera particulièrement aux rapports liant la musique, la mythologie et les rites des civilisations non européennes. Ses recherches sur la phénoménologie et les fondements du processus musical lui permirent d'affirmer des thèses nouvelles sur le plan méthodologique en musicologie comparative et en ethnomusicologie. Ses collègues professeurs et les étudiants débattirent, critiquèrent ses cours et ses écrits. Son intérêt pour la signification et la fonction de la musique à travers le monde stimula de nouvelles générations sur le plan international influencées par ses idées : son « école de Cologne » succéda à l'« école de Berlin » de Hornbostel. Marius Schneider avait commencé un ouvrage monumental sur la cosmogonie, le rôle de la musique dans l'étude des symboles et la cosmologie, mais il mourut sans l'avoir terminé, le 10 juillet 1982, à Markuarstein, en Bavière.

— Oruno D. LARA

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Écrit par

  • : professeur d'histoire, directeur du Centre de recherches Caraïbes-Amériques

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Pour citer cet article

Oruno D. LARA. SCHNEIDER MARIUS (1903-1982) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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