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MARIE-CHRISTINE (1806-1878) reine d'Espagne

La famille royale espagnole - crédits : Bettmann/ Getty Images

La famille royale espagnole

Fille de François Ier, roi des Deux-Siciles, Marie-Christine de Bourbon épouse, en 1829, le roi d'Espagne, Ferdinand VII, plusieurs fois veuf.

La première partie de son histoire est liée à ses amitiés libérales, à son influence bienfaisante en ce sens sur son royal mari, Ferdinand VII, qui, grâce à elle, proclama une amnistie qui permit à de nombreux libéraux exilés en Angleterre et en France de rentrer au pays. Elle eut deux filles (Isabelle en 1830 et Marie-Louise en 1832), mais, malheureusement pour l'Espagne, pas de descendance masculine. La mort de Ferdinand VII, le 29 septembre 1833, créa un imbroglio dynastique, d'où naquit la guerre carliste de Sept Ans. En effet, peu avant sa mort, mais, dit-on, dans une demi-inconscience, il signa la pragmatique sanction qui abrogeait la loi salique, introduite en Espagne par Philippe V, le premier roi d'Espagne de la dynastie des Bourbons. Il laissait ainsi le trône à sa fille aînée, Isabelle II, ce qui n'était pas contraire aux anciennes lois dynastiques de l'Espagne médiévale. Il faisait fi des coutumes bourboniennes et des droits de son frère, don Carlos. À sa mort, étant donné l'âge de sa fille aînée, Isabelle, Marie-Christine était naturellement désignée comme régente de la couronne d'Espagne. Dès les premiers jours, elle dut lutter contre l'insurrection carliste et les partisans de son beau-frère, nombreux à la cour et dans toutes les provinces, en particulier en Catalogne et dans les provinces du Nord (Pays basque), mais aussi en Castille et en Galice. Elle trouva des appuis chez les libéraux, progressistes, démocrates, modérés ou extrémistes ; mais elle dut constamment manœuvrer au gré des diverses factions et des opinions de plus en plus prépondérantes des chefs militaires. La guerre fut longue et cruelle, elle était autant nationale qu'internationale, aussi politique et économique qu'idéologique et régionale.

Marie-Christine se voit alors imposer une Constitution libérale (1837). Elle doit faire face à des insurrections populaires, ainsi qu'à des révolutions de palais (La Granja, juill. 1836). Sa vie privée lui aliène bien des partisans : sa liaison, son mariage morganatique, puis officiel, avec le garde du corps Fernando Muñoz, dont elle aura plusieurs enfants et qu'elle fera duc du Riánsares. Ayant dû partager la régence avec le général Espartero, elle en est écartée et doit prendre le chemin de l'exil. Le rapport de forces était, en 1840, en faveur d'Espartero, fort de sa victoire sur Maroto et les carlistes. Trois ans plus tard, la situation était renversée. Marie-Christine était rappelée. Narváez, O'Donnell, Prim, les modérés aussi bien que les progressistes anti-esparteristes l'avaient emporté. Le régime instauré en 1845 donne la prépondérance aux modérés, à Narváez. Marie-Christine peut épouser Muñoz. Isabelle II est proclamée reine ; on envisage un éventuel mariage avec le comte de Montemolín, le fils et héritier de don Carlos. L'échec de ce projet est à l'origine de la deuxième guerre carliste, qui durera de 1846 à 1849, mais qui est moins totale et moins ardente que la première ou la troisième. Marie-Christine essaie de conserver son influence sur sa fille Isabelle II, mais son temps s'achève. Elle ne peut survivre politiquement à la révolution de 1854. Son exil est désormais sans appel. Cependant, depuis sa retraite en France, elle aura souvent l'occasion, jusqu'à sa mort, de donner son avis sur les problèmes institutionnels et constitutionnels de l'Espagne en continuelle ébullition.

— Louis URRUTIA-SALAVERRI

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-VIII, directeur de l'Institut d'études hispaniques et hispano-américaines

Classification

Pour citer cet article

Louis URRUTIA-SALAVERRI. MARIE-CHRISTINE (1806-1878) reine d'Espagne [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

La famille royale espagnole - crédits : Bettmann/ Getty Images

La famille royale espagnole

Autres références

  • CARLOS don (1788-1855)

    • Écrit par Louis URRUTIA-SALAVERRI
    • 1 212 mots

    Le cruel tableau de Goya, La Famille de Charles IV, montre, non loin de son frère Ferdinand VII et des autres membres de la famille, le futur don Carlos, le premier des deux don Carlos de l'histoire contemporaine espagnole.

    L'abdication de Bayonne, en 1808, appartient autant à l'histoire...

  • ESPAGNE (Le territoire et les hommes) - De l'unité politique à la guerre civile

    • Écrit par Henri LAPEYRE
    • 14 344 mots
    • 18 médias
    ...libéral (1823). L'absolutisme fut rétabli ; beaucoup de ses adversaires furent emprisonnés ou s'exilèrent. Ferdinand se remaria en 1829 avec la princesse Marie-Christine des Deux-Siciles, dont il eut deux filles. Alors que Philippe V avait introduit en Espagne la loi salique, il décida que les femmes seraient...
  • ESPARTERO BALDOMERO (1793-1879)

    • Écrit par Universalis
    • 462 mots

    Homme d'État et général espagnol, né le 27 octobre 1793 à Granátula (Espagne), mort le 8 janvier 1879 à Logroño (Espagne).

    Fils d'une famille ouvrière, Baldomero Espartero s'engage dans l'armée à quinze ans et se bat aux côtés des Espagnols dans les guerres révolutionnaires et napoléoniennes...

  • NARVÁEZ MANUEL RAMÓN MARÍA, duc de Valence (1800-1868)

    • Écrit par Louis URRUTIA-SALAVERRI
    • 653 mots

    Surnommé, pour sa brutale franchise militaire, el Espadón de Loja (le Glaive de Loja), Ramón María Narváez fait ses premières classes sous les ordres de Francisco de Espoz y Mina, un des héros militaires issus des luttes contre les troupes de Napoléon. En 1823, il combat en Catalogne contre...

Voir aussi