Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MAÎTRE DES REQUÊTES

Comme le marque jusqu'à la fin de l'Ancien Régime leur titre anachronique, les maîtres des requêtes de l'hôtel du roi ont une origine commensale. Membres de la maison du monarque et magistrats tout ensemble, ils avaient à la fin du Moyen Âge et au début des Temps modernes l'audition et l'expédition des requêtes adressées au roi et ils exerçaient leur magistrature aux « plaids de la porte ». Appelés de plus en plus à des chevauchées dans le royaume, au xvie siècle, ils devinrent commissaires et administrateurs tout autant qu'officiers. Leur apogée se situe aux xviie et xviiie siècles. Qui sont donc les maîtres des requêtes à la fin de l'Ancien Régime ? Des officiers, propriétaires d'une charge chère et enviée, qu'ils n'ont pu acquérir qu'après la licence de droit et un stage en qualité de magistrat dans une cour souveraine. Ils sont quatre-vingts, de famille noble ou en cours d'anoblissement, frères ou alliés des parlementaires, mais très vite séparés d'eux par un sens plus moderne et plus administratif du service public. Ils sont membres du Conseil privé du roi et rapporteurs normaux en ce Conseil. Ils peuvent être, sur désignation par le chancelier, membres des bureaux, commissions ordinaires et commissions extraordinaires qui représentent le prolongement technique de la lourde machine du Conseil du roi. Ils siègent à tour de rôle au tribunal des requêtes de l'hôtel, juridiction d'attribution qui connaît surtout des affaires de privilégiés bénéficiaires du droit de committimus. Ils peuvent aussi, par roulement, présider le Grand Conseil, juridiction souveraine d'attribution, consacrée surtout aux causes bénéficiales ou aux évocations. Enfin, et c'est l'essentiel, ils peuvent cumuler leur office (vénal) de maître des requêtes avec une commission (gratuite et révocable) d'intendant. Au xvie siècle beaucoup d'intendants, au xviie siècle la grande majorité, au xviiie la quasi-totalité des intendants de province sont maîtres des requêtes. Cette mobilité explique le surnom donné par le marquis de Mirabeau à l'office de maître des requêtes : « une charge de passe-partout ». Le chancelier d'Aguesseau comparait, d'autre part, les maîtres des requêtes aux « désirs du cœur humain : ils aspirent à n'être plus ». Leur état est, en effet, un piédestal pour accéder à une commission de conseiller d'État, à un office d'intendant des Finances, à une charge de secrétaire d'État.

— Frédéric BLUCHE

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : diplômé de l'École pratique des hautes études, assistant à l'université de Paris-II

Classification

Pour citer cet article

Frédéric BLUCHE. MAÎTRE DES REQUÊTES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • INTENDANTS

    • Écrit par
    • 2 882 mots
    Mais l'origine de l'institution est double. Elle dérive, d'une part, des chevauchées des maîtres de requêtes, qui rappellent quelque peu les missi dominici carolingiens, et, d'autre part, des missions de surveillance spécifiques et temporaires effectuées par ces mêmes maîtres de requêtes ou par des personnes...