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PLISSETSKAÏA MAÏA (1925-2015)

Une « prima ballerina » rebelle

En 1960, Maïa Plissetskaïa devient danseuse étoile au théâtre Bolchoï et reçoit, en 1962, le titre très rare de prima ballerinaassoluta. Fatiguée du Le Lac des cygnes (qu’elle dansera plus de huit cents fois durant sa longue carrière), elle obtient l’autorisation de commander CarmenSuite au chorégraphe cubain Alberto Alonso en 1967, car il est originaire d’un pays allié de l’Union soviétique. Cela ne l’empêche pas d’être attaquée par la ministre de la culture Ekaterina Fourtseva, notamment pour « érotisme ». Mais elle tient bon. D’autant que la musique est signée de son mari, Rodion Chtchedrine, rencontré en 1958 alors qu’elle dansait dans Spartacus.

C’est seulement à partir des années 1970 que l’étau se desserre et que Maïa Plissetskaïa peut aborder des rôles qui l’attirent davantage. Elle va même monter ses propres chorégraphies sur la musique de son mari (Anna Karénine, 1972 ; La Mouette, 1980 ; La Dame au petit chien, 1986). Elle crée La Rose malade (1973, chorégraphie de Roland Petit), puis danse en 1975, Le Boléro dans la chorégraphie de Maurice Béjart, ce qui déclenche un nouveau scandale à Moscou. L’année suivante Béjart crée pour elleIsadora (1976). En 1977, Maïa Plissetskaïa coréalise pour la télévision le film Poésie de la danse autour de ces deux pièces de Béjart. Ce dernier compose ensuite un rôle « sur mesure », avec Léda (1979).

Au cours des années 1980, elle devient maître de ballet à Rome (1983-1984), puis à Madrid (1988-1990). En 1994, elle écrira ses mémoires, Moi, Maïa Plissetskaïa et fondera la même année le concours Maïa à Saint-Pétersbourg.

Dépassant de loin l’âge de la retraite habituellement observé par les danseuses classiques, Maïa Plissetskaïa semble taillée pour l’éternité. En 1990, à l’âge de soixante-cinq ans, elle démissionne du Bolchoï mais continue à chausser ses pointes à travers le monde, soit dans des spectacles de danse, soit pour des shows et même des défilés de mode (comme en 1997, pour Pierre Cardin qui l’a soutenue durant les années 1970 et a souvent signé les costumes de ses ballets). Pour ses soixante-dix ans, elle danse Ave Maïa, une création de Maurice Béjart qu’elle réinterprètera pour ses quatre-vingts ans, lors d’un grand gala au Bolchoï en 2005 et à l’Espace Pierre-Cardin à Paris l’année suivante.

Maïa Plissetskaïa s’éteint le 2 mai 2015 à Munich (Allemagne) où elle vivait avec Rodion Chtchedrine.

D’une beauté immarcescible, Maïa Plissetskaïa a traversé le temps : « J'ai vécu pour la danse, écrivait-elle, je n'ai jamais rien su faire d'autre. Merci à cette nature grâce à laquelle j'ai tenu bon, je ne me suis pas laissé briser, je n'ai pas capitulé. »

— Agnès IZRINE

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Écrit par

  • : écrivaine, journaliste dans le domaine de la danse

Classification

Pour citer cet article

Agnès IZRINE. PLISSETSKAÏA MAÏA (1925-2015) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Maïa Plissetskaïa  - crédits : Stringer/ AFP

Maïa Plissetskaïa 

Autres références

  • SEMENOVA MARINA (1908-2010)

    • Écrit par Ariane DOLLFUS
    • 1 161 mots

    Méconnue en Occident mais célèbre et vénérée en Russie, la ballerine Marina Timofeïevna Semenova a incarné près d'un siècle de danse russe. Elle aura joué un rôle fondamental dans la survie d'un art ébranlé par la révolution russe, dans son éclat au cours des années staliniennes comme...