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MAHĀDEVA

Moine bouddhiste dont la personnalité reste énigmatique, Mahādeva serait à l'origine, d'après de nombreuses sources, du premier schisme qui, à la connaissance des historiens, avait divisé la communauté (samgha) des disciples du Bouddha sans doute en ~ 340 environ. Face aux propositions qu'il défendait, les moines se seraient séparés en deux clans : ceux qui avec lui l'emportèrent, les plus nombreux, prirent, après le premier concile de Pātalipūtra, le nom de Mahāsāṇghika.

Mahādeva soutenait les cinq propositions suivantes : les arhat peuvent être sujets aux pollutions nocturnes, lesquelles seraient dues à des rêves érotiques provoqués par des divinités prenant une apparence féminine ; les arhat ne sont pas débarrassés de toute ignorance (avidyā) et peuvent, à cause des résidus de leurs anciennes passions, ne pas connaître les noms des hommes, des femmes, des arbres, etc. qu'ils rencontrent, et même ne pas savoir qu'ils sont arhat ; les arhat peuvent avoir des doutes sur les noms des hommes, femmes, arbres, etc. qu'ils rencontrent et peuvent avoir des doutes sur leur qualité d'arhat ; ils peuvent être enseignés par autrui ; ils peuvent, au moment de l'entrée dans le chemin (mārga), prononcer le mot « douleur » (duḥkha).

Les renseignements que l'on possède sur Mahādeva sont très contradictoires. Pour les uns, il s'agit d'un moine très vénérable et au-dessus de tout soupçon. Pour les autres, et notamment pour la tradition sarvāstivādin, représentée essentiellement par la Mahāvibhāshā, Mahādeva se présente sous des traits abominables. Né dans une famille de marchands à Mathurā, il aurait profité d'une absence de son père pour devenir l'amant de sa mère, et il aurait tué celui-ci à son retour. Se voyant découvert, il aurait fui avec sa mère à Pātalipūtra, capitale du Magadha, où il aurait tué des moines originaires de son pays pour éviter qu'ils ne le dénonçassent, puis sa propre mère et maîtresse, parce qu'elle le trompait. Enfin, pris de remords devant tant de crimes, il serait entré dans les ordres et se serait fait rapidement de nombreux adeptes avant de provoquer le schisme entre les Sthavira et les Mahāsāṇghika. Il serait l'auteur de textes (sūtra) apocryphes dans lesquels il prêtait au Bouddha ses propres hérésies.

— Jean-Christian COPPIETERS

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Classification

Pour citer cet article

Jean-Christian COPPIETERS. MAHĀDEVA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BOUDDHIQUES CONCILES

    • Écrit par Jean-Christian COPPIETERS
    • 1 139 mots

    Plus que toute autre tradition bouddhique, la tradition concernant les conciles, du moins les premiers d'entre eux, est suspecte. Les sources à ce sujet sont constamment en désaccord, altérées par le merveilleux et l'invraisemblable. Et, surtout, elles ont été manipulées par les diverses...

  • MAHĀSĀṆGHIKA

    • Écrit par Jean-Christian COPPIETERS
    • 376 mots

    Membres d'une secte bouddhique du Petit Véhicule, les Mahāsāṇghika sont apparus en ~ 340 env., se faisant les adeptes des thèses soutenues par Mahādeva. Ce moine, regardé comme l'auteur de sūtra apocryphes, soutenait que l'arhat peut avoir des rêves érotiques, être en proie...

Voir aussi