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RICHTER LUDWIG (1803-1884)

Peintre, graveur et dessinateur allemand. Né et mort à Dresde où il enseigne à l'Académie des beaux-arts, Ludwig Richter porte à sa perfection l'art de la gravure sur bois. Il profite de l'invention de l'Anglais Thomas Bewick qui, à la fin du xviiie siècle, avait mis au point la technique sur bois de bout qui permet de rendre les finesses du dessin. C'est à Richter, ainsi qu'à Adolph von Menzel à Berlin et à Moritz von Schwind à Munich, que l'on doit la renaissance de ce moyen d'expression tombé en désuétude depuis la propagation de la lithographie ; ses thèmes de prédilection vont de préférence aux lieder, contes, légendes, poèmes qui le vouent à un répertoire enfantin et populaire. Par son style également il se rattache à la tradition vieille-allemande imprégnée par la gravure de Dürer : ses bois de petit format offrent une ligne solide au tracé simple et lisible, une composition rigoureuse au service d'une forme toujours mélodieuse. Soucieux du bon rendu de ses dessins, Richter a travaillé en collaboration fidèle avec le graveur August Gaber, à la maîtrise technique parfaite.

Sa première œuvre importante, les contes populaires de Musaeus (Musaeus Volksmärchen, 1842), impose une variété de types humains servie par la sûreté du trait ainsi qu'une grande qualité dans l'inspiration : les nains en capuchon pointu soufflant sur le feu contrastent avec le chevalier penché sur le corps inanimé de sa belle. Comme le Munichois Franz Pocci, il s'intéresse aux chansons d'étudiants (Alte und neue Studentenlieder, 1844) dont il saisit l'esprit jusqu'à épuisement du contenu (Vanitas, poème de Goethe, est commenté avec un humour plaisant). Son sens du comique, impertinent et parfois cru, est aiguisé par le matériau d'auteurs comme les frères Grimm (le hérisson fumant devant sa chaumière dans La Course du hérisson et du lièvre), comme Ludwig Bechstein dont le Deutsches Märchenbuch (1845) présente un frontispice remarquable, quintessence de la manière de Richter : la compacité de la composition traduit l'intimité fusionnelle des personnages entre eux, protégés par une nature idyllique.

Ces illustrations traduisent la nostalgie romantique d'un monde où règne une harmonie idéale entre les hommes et leur environnement. Pourtant l'univers de Richter n'est pas toujours rassurant, comme en témoignent les vignettes burlesques pour l'histoire célèbre Nussknaker und Zukerpüppchen, sur le thème du casse-noisette. Apte à décrire le peuple, à célébrer la fraternité du vin ou de la chope de bière (Les Sept Souabes), à s'attendrir sur le dépit amoureux ou le bonheur familial des simples, Richter puise souvent ses motifs chez les enfants, saisis dans leur contexte familial ou acteurs privilégiés comme dans le frontispice de Hänsel et Gretel ; le choix adéquat des éléments symboliques (bretzels et sucreries opposés au champignon vénéneux, chat noir et chouettes de l'ogresse) met en évidence les contrastes séduisants de la narration.

La fantaisie de Richter et son goût du pittoresque s'incarnent parfaitement dans l'esprit Biedermeier, ainsi la page de titre d'un alphabet (ABC-Buch de Reinick, 1845) où le marchand d'estampes en bonnet de coton, plumeau à la main, fait la joie d'une troupe enfantine. Si l'image glorifiée de la mère, la présence de l'ange tutélaire, les enfants couronnés constituent l'aspect sécurisant d'un monde encore édénique, celui de l'« Ammen-Uhr » (poème du Cor enchanté de l'enfant), Richter invente aussi des images drues et moqueuses qui enrichissent l'imaginaire de son temps, car « ... les vignettes sont comme une couronne de fleurs, pas des fleurs mortes et séchées, mais vivantes, éclatantes, brillantes encore de rosée... » (lettre à l'éditeur Wigand, Dresde,[...]

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Laura NOESSER. RICHTER LUDWIG (1803-1884) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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