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LODOLI fra CARLO (1690-1761)

Le principe d'une rationalité architectonique réduite au pur présent de l'architecture est énoncé pour la première fois par un théoricien vénitien, le moine Carlo Lodoli.

Ses conceptions demeurèrent dans le seul univers du discours, mais elles constituèrent un précédent théorique notable dans le débat que l'illuminisme développa autour des problèmes de l'architecture. Davantage remarqué pour son « ardeur philosophique » que pour sa piété, Lodoli exerce son rôle de critique militant dans le milieu du jeune patriciat vénitien, le plus réceptif aux nouvelles idées.

Lodoli s'employa à réviser radicalement les présupposés de l'architecture contemporaine issus de tous les modèles réels ou conceptuels que la tradition transmettait indistinctement depuis la Renaissance. La correspondance obligée entre représentation et fonction et la conformité de l'architecture à la « vraie nature des matériaux » sont les deux points fondamentaux de sa doctrine. La recherche du moine-philosophe a donc pour objet la transposition des critères esthétiques habituels dans ceux d'une analyse rationnelle ; seules les nécessités de la méthode déductive peuvent rétablir une « science de l'architecture » basée sur des « principes clairs », et non plus sur les notions non scientifiques de goût, de beauté, d'imitation.

Parmi les théoriciens, Milizia fut le plus influencé par les idées de Lodoli, notamment dans La Vie des architectes les plus célèbres (1768) ainsi que dans les Principes d'architecture civile (1781). Répandues dès 1740, les théories de Lodoli ne trouveront, toutefois, jamais de formulation définitive ; elles demeurent dispersées de son vivant. Andrea Memmo, l'un de ses commentateurs, se réfère à plusieurs cahiers, à un traité sur l'architecture, et à des planches d'études sur la résistance des matériaux destinées aux artisans vénitiens, toutes œuvres qui « périrent après sa mort ».

Le Saggio sull'architettura de Francesco Algarotti, publié en 1759, du vivant de Lodoli, devait être l'exposé fidèle de ses fondements d'architecture fonctionnelle ; l'éducation classique et l'éclectisme mondain d'Algarotti l'empêchent de s'éloigner des principes d'un classicisme rationaliste de plus vieille souche, et son essai, brillant témoignage du conflit entre sensibilité et rationalité, est contesté par Lodoli en premier. Gli Elementi di architettura lodoliana, dont Andrea Memmo publie seulement le premier tome (1786), composent la version la moins altérée des idées de Lodoli et un précieux document sur l'ambiance dans laquelle se développe la plus originale expérience de l'illuminisme vénitien.

— Marilù CANTELLI

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Pour citer cet article

Marilù CANTELLI. LODOLI fra CARLO (1690-1761) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • RATIONALISTE ARCHITECTURE

    • Écrit par Jean-Louis AVRIL
    • 4 312 mots
    • 2 médias
    ...l'illusion séculaire d'une harmonie pré-établie entre les trois catégories vitruviennes : utilitas, firmitas, venustas. Plus tard, le moine vénitien Carlo Lodoli (1690-1761) énonçait dans des prédications passionnées, recueillies par ses disciples, les principes fondamentaux d'un rationalisme radical, destinés...

Voir aussi