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LES DEMOISELLES D'AVIGNON (P. Picasso)

Au titre pudique Les Demoiselles d'Avignon Picasso préférait encore le sobriquet de « Bordel philosophique ». Au moins rendait-il compte de la réaction de ceux qui, voyant pour la première fois dans l'atelier du peintre ce tableau « grand comme un mur » (Max Jacob) en saisissaient bien la charge érotique sans pour autant résoudre les « problèmes nus » qu'il soulevait. Des problèmes, dira plus tard le poète André Salmon, qui posaient le principe « de la peinture équation ». Georges Braque lui-même ne doutait pas, alors, de la folie de Picasso. Tout y concourait : dans une étude aux dimensions d'un tableau d'histoire, Picasso déployait en effet une incompréhensible disparité d'influences, aussi bien classiques qu'issues de culture non occidentales, pulvérisait l'unité d'un espace désormais privé de profondeur, et laissait béante, par endroit, la disjonction entre son dessin et une couleur chair franchement obscène. C'est donc bien à l'aune de la violence apocalyptique de ces « personnages aux yeux de travers et aux jambes torses », comme les qualifiait un critique américain en 1910, qu'il nous faut mesurer la norme qui fait de ce tableau mythique du cubisme naissant le premier classique du xxe siècle.

— Hervé VANEL

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art contemporain à l'université de Brown, Rhode Island (États-Unis)

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Pour citer cet article

Hervé VANEL. LES DEMOISELLES D'AVIGNON (P. Picasso) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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