BRONTË LES
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
La division par couples
Les quatre enfants assumeront diversement ce jeu grave et collectif qui est le centre de leur vie. Il semble qu'il faille situer assez tôt la division par couples, Charlotte et Branwell d'une part, Emily et Anne de l'autre. Mais on ne peut situer précisément le moment où les deux cadettes organisent leur propre jeu écrit. La rareté des indices invite d'autant plus à le comprendre par comparaison. Il transforme visiblement celui de leurs aînés, tant sur le plan des personnages que de la situation historique, géographique et politique. Les noms et les actions laissent pressentir un monde moins culturel, plus autonome, qui montre sur ce point avec les écrits des aînés une différence quelque peu similaire à celle qui paraît entre les romans de Charlotte et Wuthering Heights (Les Hauts de Hurlevent). Les « notes d'anniversaire » échangées entre les deux sœurs témoignent qu'Anne, avec la timidité qui lui est propre, Emily, avec cette autonomie qui la rend incomparable, joueront jusqu'à la fin, avec une discrétion qui confine au secret, le jeu de la première enfance.
Les textes de Charlotte et Branwell s'enchaînent l'un à l'autre comme des anneaux, ce qui rend tout à fait impossible de les lire isolément. Ils dessinent une trame d'une complexité extrême, qui transpose les données historiques de la Révolution française et des guerres napoléoniennes au cœur d'une Afrique découpée selon un ensemble de besoins logiques et sémantiques, dans une très grande liberté morale qui emprunte à Byron l'essentiel de ses formes. Branwell qui semble, seul garçon, avoir été l'initiateur du jeu, ne sortira jamais des pièges de cet imaginaire qui viendra se briser sur la réalité du monde. Quand il meurt à vingt-sept ans, terrassé par l'opium, la boisson, le délire et la fièvre, il tente encore d'accommoder les deux images et d'imposer vainement par la publication, tel quel, le rêve de l'enfance à l'objectivité de la littérature. Charlotte attendra d'avoir vingt-quatre ans pour échapper à la fascination exclusive de cet univers captateur. Elle pressent le mal et les ger [...]
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 5 pages
Écrit par :
- Raymond BELLOUR : maître de recherche au C.N.R.S.
Classification
Autres références
« BRONTË LES » est également traité dans :
ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Littérature
Dans le chapitre « Le compromis victorien » : […] Le type le plus représentatif de ce « compromis victorien » est Thomas Babington Macaulay (1800-1859), mais il y eut plusieurs réactions d'un caractère idéaliste contre le rationalisme prédominant et l'illusion d'un équilibre enfin établi. Notamment Thomas Carlyle (1795-1881), qui, entre autres œuvres plus connues, critiqua l'organisation sociale moderne dans Past and Present (1843). Enthousiaste […] Lire la suite
GOTHIQUE LITTÉRATURE & CINÉMA
Dans le chapitre « Une plongée dans l’inconscient : le gothique victorien et fin de siècle » : […] L'Angleterre victorienne n'a pas renié, malgré l'orientation réaliste de sa littérature, la tradition gothique. Il y a dans Wuthering Heights (1847) d’Emily Brontë des doigts glacés qui cognent aux vitres, une lande sinistre et un héros noir byronien (Heathcliff) ; dans Jane Eyre (1847), de sa sœur Charlotte, un aristocrate ombrageux et une démente enfermée dans le grenier d’un château ; et, da […] Lire la suite
LES HAUTS DE HURLEVENT, Emily Brontë - Fiche de lecture
Emily Brontë, née en 1818, est la fille du révérend Patrick Brontë. Comme ses sœurs, elle manifeste très tôt un goût prononcé pour l'écriture , s'associant avec la plus jeune, Anne, pour créer le royaume imaginaire de Gondal. Plus qu'aucune autre de ses sœurs, Emily est passionnément attachée à la demeure familiale de Haworth et à la lande qui l'entoure : c'est là que, comme les héros de son uniqu […] Lire la suite
JANE EYRE, Charlotte Brontë - Fiche de lecture
Charlotte Brontë (1816-1855) est la troisième fille de Patrick Brontë, pasteur de Haworth, et de Maria Branwell, qui disparaît très tôt, laissant les six enfants à la charge de leur père et de Miss Branwell, leur tante aux stricts principes méthodistes. Très jeune, Charlotte Brontë s'adonne à l'écriture et, de concert avec son frère Patrick, invente le royaume d'Angria où se trouvent en germe les […] Lire la suite
Pour citer l’article
Raymond BELLOUR, « BRONTË LES », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 14 avril 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/les-bronte/