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LÉPIDE, lat. MARCUS ÆMILIUS LEPIDUS (env. 89-13 av. J.-C.)

Celui qui devait former avec Antoine et avec Octave en ~ 43 le second triumvirat, Marcus Æmilius Lepidus, appartient à la gens Æmilia qui a donné à la République romaine d'illustres hommes d'État, tel ce Marcus Æmilius Lepidus qui fut consul en ~ 37 et l'un des plus grands orateurs de son temps (Cicéron reconnaît en lui un maître), tel aussi cet autre consul de l'année ~ 78 qui voulut soulever le parti populaire à la mort du dictateur Sylla et qui, en mourant, laissait deux fils ; l'un Paulus Æmilius, mort vers ~ 40, s'opposera à son frère Marcus Æmilius Lépide qui le fera mettre sur une liste de proscription, mais lui donnera l'autorisation de quitter secrètement l'Italie et de s'exiler à Milet.

Lépide entre dans l'histoire au moment où César franchit le Rubicon en ~ 49. Il a déjà exercé les fonctions d'inter-roi au moment des troubles provoqués par la mort de Clodius, attaqué et tué par les troupes de Milon en ~ 52. Il devient préteur lorsque César entre dans l'illégalité et il n'hésite pas à soutenir la cause de l'imperator en le faisant nommer dictateur, en vertu d'une loi soumise aux comices. En récompense de son aide et de son loyalisme, César, à son retour à Rome en novembre de l'année ~ 49, le nomme propréteur de l'Espagne Citérieure. Il ne cessera de le couvrir d'honneurs : il lui demande d'être consul en ~ 46 et la même année il le désigne comme maître de la cavalerie pour ~ 45. César prévoit même la succession à ce poste qui devra être occupé par Octave en ~ 44 et par Calvinus en ~ 43, tandis que Lépide reçoit la Narbonnaise et à nouveau l'Espagne Citérieure. Tout dévoué à César, Lépide représente, en raison de ses origines, la caution de l'aristocratie. Il se trouve aux côtés de l'imperator lors de la célèbre cérémonie des Lupercales, le 15 février ~ 44, qui devait avoir des conséquences capitales sur l'avenir de Rome. En effet, lorsque César reçoit de Marc Antoine le diadème des rois hellénistiques et que le peuple crie à Lépide de le lui ôter, celui-ci fait semblant d'être sourd et César, devant le mécontentement populaire grandissant, est contraint de l'enlever lui-même de son front, en dépit de l'insistance de Marc Antoine qui lui offre ce diadème plusieurs fois, à tel point qu'on peut se demander s'il n'y a pas eu de la part des deux hommes une tentative concertée de provocation. Un mois plus tard, au lendemain de l'assassinat de César, Lépide peut prétendre, au même titre qu'Octave, fils adoptif de César, et que Marc Antoine, à la succession du dictateur. Marc Antoine se concilie Lépide en le faisant nommer grand pontife en mai ~ 44 : aussi, lorsqu'un conflit armé menace d'opposer Marc Antoine à Octave, Lépide se pose-t-il en négociateur et en arbitre. Il engage des pourparlers une première fois avec Antoine, puis il organise une rencontre entre Antoine et Octave dans une île du Reno, non loin de Bologne, qui aboutit en ~ 43 au second triumvirat (le premier avait scellé en ~ 60 l'union entre César, Pompée et Crassus).

L'épreuve de force entre trois hommes que rien ne lie, sinon la même ambition, et que tout oppose est provisoirement écartée grâce au talent diplomatique de Lépide. Octave, Antoine et Lépide conviennent de se partager pour cinq années les possessions territoriales de Rome et d'exercer tous les pouvoirs qui sont ratifiés par la loi Titia du 27 novembre ~ 43. Ces pouvoirs s'étendent non seulement au législatif mais encore à l'exécutif et ils comportent des annexes importantes, comme celle qui les autorise à battre monnaie. Les triumvirs sacrifient sans crise de conscience leurs amis respectifs et les englobent dans une proscription générale dont Cicéron sera une des victimes les plus célèbres.[...]

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Écrit par

  • : diplômé d'études supérieures d'histoire, directeur de collections historiques

Classification

Pour citer cet article

Joël SCHMIDT. LÉPIDE, lat. MARCUS ÆMILIUS LEPIDUS (env. 89-13 av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AEMILIA GENS

    • Écrit par Joël SCHMIDT
    • 1 027 mots

    C'est au commencement du ~ ve siècle que certains membres de la gens Aemilia, famille patricienne romaine, jouent un rôle dans l'histoire de Rome. La gens Aemilia se divise en plusieurs branches : celles de Lepidus, de Mamercus, de Paulus et de Scaurus. Elle s'éteint à la fin du ...

  • AUGUSTE CAÏUS JULIUS CAESAR OCTAVIANUS AUGUSTUS ou OCTAVE (63 av. J.-C. - 14 apr. J.-C.)

    • Écrit par Claude NICOLET
    • 6 081 mots
    • 5 médias
    Entre-temps, Antoine en fuite réussit à convaincre Lépide, proconsul de Narbonnaise et de Cisalpine, de faire cause commune avec lui. Puis tous deux s'entendent avec Octave pour se partager l'Occident et poursuivre la guerre contre les « républicains », Brutus et Cassius, qui tenaient la Grèce et l'Orient....
  • ROME ET EMPIRE ROMAIN - La République

    • Écrit par Raymond BLOCH
    • 10 958 mots
    • 9 médias
    ...le pouvoir d'un seul. Le lieutenant de César, Marc Antoine, s'oppose bien vite aux républicains tyrannicides. Il s'allie au proconsul de Narbonnaise, Lépide, et au petit-neveu de César, Caius Octavius. Celui-ci, avec un esprit de décision égal à celui de César, marche en 43 sur Rome avec ses légions...

Voir aussi