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TREPPER LÉOPOLD (1904-1982)

Chef de l'Orchestre rouge, le plus important réseau du service de renseignements soviétique durant la Seconde Guerre mondiale, connu de la Gestapo sous le nom de Jean Gilbert, fiché à la Sûreté française sous le pseudonyme de Dom, codé par les Soviétiques sous celui de Otto, Léopold Trepper est mort à soixante-dix-sept ans à Jérusalem le 19 janvier 1982.

Né en Pologne à Nowy-Targ, le 23 février 1904, dans une famille juive d'origine modeste, Léopold Trepper, en butte à l'antisémitisme polonais, entra très tôt dans un mouvement de jeunesse d'inspiration sioniste, l'Hatchomer Hatzaïr. Puis en 1921, quand sa famille, poussée par la misère, s'installa à Dombrowa en Silésie, il milita clandestinement avec les jeunesses communistes, choisissant le pseudonyme de Dom. À vingt ans, il part pour la Palestine avec une quinzaine de compagnons dans l'espoir de jeter les bases d'une société nouvelle d'où seraient bannies intolérance et injustice. Il entre au Parti communiste palestinien et devient secrétaire de la section de Haïfa. Arrêté par les Britanniques en 1928, enfermé dans la forteresse de Saint-Jean-d'Acre, il fait une grève de la faim avant d'être libéré, puis finalement expulsé. Il débarque en France à la fin de 1929 et y restera jusqu'en 1932. Pour subsister tout en militant dans la section juive de la M.O.I. (Main-d'œuvre immigrée), il occupe divers petits emplois. Soupçonné par la police française d'avoir fait partie du groupe Fantomas, convaincu d'espionnage industriel au profit de l'Union soviétique, Trepper est contraint de partir précipitamment pour Moscou, la « patrie du socialisme ».

Avec Luba, sa compagne, il étudie à l'université Marchlevski. Très vite confronté à la réalité soviétique, il accepte les contradictions du régime sans remettre en cause son idéal. Journaliste au quotidien Der Emes, édition en yiddish de la Pravda, il échappe miraculeusement aux purges staliniennes. Envoyé en France en 1937 afin d'éclaircir pour les Soviétiques le dossier Fantomas, il prouve l'innocence d'un membre du Parti communiste français, Riquier, journaliste à L'Humanité. Selon Trepper, ce fut sa première mission de renseignements au profit de l'Union soviétique. À partir de ce moment, remarqué par le général Berzine, qui dirigeait les services de renseignements de l'Armée rouge, Trepper accepte une mission pour lutter contre cette « peste brune », l'hitlérisme. En 1938, on l'envoie en Europe pour créer un réseau de renseignements « dormant » d'un type nouveau. La technique de Trepper consiste à mettre sur pied des sociétés commerciales qui, tout en servant de paravent, permettront au réseau de satisfaire ses besoins financiers. À la tête de chaque affaire, il place un homme sûr chargé de réunir un maximum d'informations sur la politique de l'Allemagne nazie. Il s'installe d'abord en Belgique, à Bruxelles, sous le nom d'Adam Mikler, comme industriel canadien. Avec son ami Léo Grossvogel, il crée une société d'import-export qui prospère rapidement, ouvre des filiales dans les pays scandinaves et établit des relations commerciales avec la France, l'Italie, l'Allemagne, les Pays-Bas et le Japon.

Quand la guerre éclate en 1939, le réseau de Trepper est en mesure d'informer Moscou. À mesure de la progression nazie, le réseau se renforce ; déjà entouré par ses amis de Palestine, comme Sophie Posnanska, Hillel Katz, Léo Grossvogel, et par les agents envoyés par le Centre (Moscou), Trepper recrute, dans les mouvements de résistance, Français, Belges, Hollandais n'appartenant pas forcément au Parti communiste. Il travaille également avec le groupe allemand de Harro Shulze-Boysen qui émet à partir de Berlin. À la suite de l'invasion allemande à l'Ouest, Trepper,-contraint[...]

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Catherine GORSKI. TREPPER LÉOPOLD (1904-1982) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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