FRESNEL LENTILLE DE

Une première utilisation sur le phare de Cordouan

À la fin du xviii^e siècle, les phares avaient déjà connu d’importants progrès grâce aux lampes à huile à mèche cylindrique du Suisse Aimé Argand (1750-1803), apportant une lumière plus intense et plus régulière, encore perfectionnées par François Arago et Augustin Fresnel, qui les dotent de plusieurs mèches concentriques. Malgré ces améliorations, la vingtaine de phares installés sur les côtes de France ne satisfont plus aux exigences de la sécurité maritime. C’est dans ce contexte de fort développement du commerce mondial que la Commission des phares décide de proposer un « système général de distribution des feux sur les côtes de l’Empire ».

Le phare de Cordouan, véritable symbole architectural et technique, mis en service en 1611, est choisi pour expérimenter le nouveau système d’éclairage conçu par Fresnel. Celui-ci remplacera les réflecteurs paraboliques installés par Étienne Lenoir (1744-1832) et le chevalier Jean-Charles de Borda (1733-1799) en 1790, qui nécessitaient un entretien fréquent, délicat et donc coûteux.

L’appareil de Fresnel est en fait un ensemble complet constitué de la lampe munie de cinq mèches cylindriques, de l’optique lenticulaire et de son système de rotation commandé par un mécanisme d’horlogerie à poids. Il équipera peu à peu la majorité des phares au cours du xix^e siècle.

Le système mis en place par Fresnel à Cordouan sera remplacé par une nouvelle optique en 1854, puis subira plusieurs modifications, telles que l’électrification de l’éclairage en 1948 et l’automatisation totale en 2011, à l’instar de tous les autres phares français. Les optiques démontées sont conservées au musée des Phares et Balises, sur l’île d’Ouessant.