Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

FERLINGHETTI LAWRENCE (1919-2021)

Le plus engagé politiquement des poètes américains, Lawrence Ferlinghetti est né le 24 mars 1919 à Yonkers (État de New York). Son père mourut avant qu'il ne vînt au monde, sa mère dut entrer dans un hôpital psychiatrique et sa tante l'emmena en France, où il passa la plus grande partie de son enfance. Rentré aux États-Unis, il fut officier dans la marine américaine pendant la Seconde Guerre mondiale ; il avait entrepris des études universitaires, qui le menèrent jusqu'à la Sorbonne, où il obtint un doctorat en 1951.

C'est Ferlinghetti qui créa le beat movement à San Francisco, vers 1955. Sa librairie City Lights, la première librairie des États-Unis à ne vendre que des livres brochés et l’un des phares de la contre-culture américaine, est l'un des premiers rendez-vous des poètes de la beat generation qui rejettent le style formel et académique prévalant à l'époque, pour composer des œuvres où sensations et sentiments seraient saisis dans ce qu'ils ont de plus immédiat, sans se soucier de l'incohérence et du morcellement produits. Éditeur, Ferlinghetti est également le premier à publier dans le cadre des éditions City Lights Books leurs recueils de poèmes, notamment en 1956, Howl d'Allen Ginsberg.

Les poèmes de Ferlinghetti ont été parfois composés sur bande magnétique, la plupart étant destinés à être lus à haute voix. Il est l'auteur de nombreux recueils, parmi lesquels Images du monde disparu (Pictures of the Gone World, 1955) ; A Coney Island of the Mind (1958), sans doute son œuvre la plus célèbre ; En partant de San Francisco (Startingfrom San Francisco, 1961) ; Le Sens caché des choses (The Secret Meaning of Things, 1968) ; Nuit mexicaine (Mexican Night, 1970). Il a écrit aussi deux pièces de théâtre, Débats à armes inégales avec l'existence (Unfair Arguments with Existence, 1963), Routines (1964), et un roman, Her (1960), traduit en français sous le titre de La Quatrième Personne du singulier. Beaucoup de ses poèmes ont une tonalité politique, comme le suggèrent les titres suivants : Mille Paroles de crainte pour Fidel Castro (One ThousandFearfulWords for Fidel Castro, 1961), Où est le Vietnam (Where Is Vietnam, 1965) et Tyrannus Nix (1969). Un choix de poèmes est imprimé à Londres en 1967 sous le titre Un œil sur le monde (An Eye on the World). Il a également traduit du français un choix de poèmes tirés de Paroles de Jacques Prévert (1958).

L'œuvre de Ferlinghetti se poursuit avec des recueils de poèmes tels que Œil ouvert, Cœur ouvert (Open Eye, Open Heart, 1973) et, en 1979, Paysages des vivants et des morts (Landscapes of Living and Dying). En 1984, Au-dessus de toutes les frontières obscènes (Over all the ObsceneBoundaries) rassemble des textes publiés en revue. Par la suite, l'auteur rassemble ses poèmes sous forme d'anthologie dans These Are my Rivers (1993) et continue de publier régulièrement (Love in the Days of Rage, 2001 ; Americus Book I, 2004). Son œuvre abondante, contestataire rejoint la tradition américaine de la responsabilité morale de l'écrivain, comme en témoignent ses deux manifestes populistes (PopulistManifesto, 1974, et Adieu à Charlot ; Second PopulistManifesto, 1979). Ferlinghetti aurait pu faire sienne la devise du romancier Sinclair Lewis : « Je n'aime pas l'Amérique, je l'adore. »

Lawrence Ferlinghetti meurt à San Francisco le 22 février 2021.

— Jean-Paul MOURLON

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : maître ès lettres modernes, professeur au lycée de Tiaret, Algérie

Classification

Pour citer cet article

Jean-Paul MOURLON. FERLINGHETTI LAWRENCE (1919-2021) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BEAT GENERATION

    • Écrit par Pierre-Yves PÉTILLON
    • 2 982 mots
    • 2 médias
    Lawrence Ferlinghetti, dont la librairie City Lights fut à San Francisco le quartier général beat, est né à Yonkers, New York ; après un doctorat à la Sorbonne (1951), il a inauguré sa série des Pocket Poets en 1955 ; il a traduit en anglais Paroles de Prévert et publié en 1960 un roman, ...
  • HOWL, Allen Ginsberg - Fiche de lecture

    • Écrit par Michel FABRE
    • 874 mots

    Howl, ce long poème d'Allen Ginsberg (1926-1997), composé sous l'influence de Jack Kerouac et de William Burroughs, fut lu en public en octobre 1955, lors d'une séance organisée par Kenneth Rexroth dans la Galerie Six à San Francisco, avant d'être publié en 1956. Il devint du jour au lendemain...

Voir aussi