Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GBAGBO LAURENT (1945- )

Laurent Gbagbo - crédits : Yann Latronche/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Laurent Gbagbo

Homme politique ivoirien, président de la République de 2000 à 2011.

Laurent Gbagbo naît le 31 mai 1945 à Gagnoa (dans le sud-ouest de la Côte d'Ivoire), dans une famille catholique pauvre appartenant à la minorité bété. Dans les années 1960, il rejoint la capitale pour entrer dans un collège d'enseignement secondaire, puis étudie l'histoire à l'université d'Abidjan dont il sort diplômé en 1969. Il complète sa formation en France, à la Sorbonne, où il obtient une maîtrise en 1970, avant de retourner dans son pays enseigner l'histoire au collège. Il est arrêté en mars 1971 et emprisonné jusqu'en janvier 1973 pour « enseignement subversif ». Après sa libération, il est chercheur à l'Institut d'histoire, d'art et d'archéologie africaine de l'université d'Abidjan tout en soutenant son doctorat à la Sorbonne. Bien que nommé à la direction de l'Institut en 1980, il continue de mener des activités subversives qui suscitent la colère du gouvernement d'Houphouët-Boigny. Laurent Gbagbo crée dans la clandestinité un mouvement d'opposition et s'exile en France. À son retour en Côte d'Ivoire en septembre 1988, il constitue et prend la tête du Front populaire ivoirien (FPI). Le président Félix Houphouët-Boigny reconnaît les partis d'opposition en avril 1990, et convoque les premières élections pluralistes de l'histoire du pays.

Le président sortant et son parti, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire, remportent les élections mais Laurent Gbagbo, qui a obtenu un score honorable (18 %), devient le leader de l'opposition. Il subit une nouvelle peine d'emprisonnement pour avoir fomenté des troubles publics. Félix Houphouët-Boigny meurt en fonctions en décembre 1993 ; son ministre des Finances Henri Konan Bédié qui lui succède est renversé en 1999 par un coup d'État militaire conduit par le général Robert Gueï. Lors du scrutin du 22 octobre 2000, ce dernier se déclare vainqueur mais, face aux troubles qui suivent, il prend la fuite et Gbagbo s'installe le 26 octobre à la tête du pays. La rébellion contre son régime débute presque aussitôt et dégénère en véritable guerre civile à partir de septembre 2002. Des négociations de paix menées sous l'égide de la France aboutissent à un accord en janvier 2003 (accords de Marcoussis). Toutefois, Laurent Gbagbo, soutenu par l'Alliance des « jeunes patriotes », une milice armée, se montre réticent à appliquer le partage du pouvoir prévu et à mettre en place un gouvernement de réconciliation nationale. Les affrontements se poursuivent entre l'armée et les rebelles, tandis que les critiques de la communauté internationale à l'égard de Laurent Gbagbo s'amplifient.

Celui-ci, aux côtés de Guillaume Soro, Alassane Ouattara, l'ancien président Henri Konan Bédié et le Premier ministre de transition Seydou Diarra, signe à Pretoria, le 6 avril 2005, un « communiqué de fin de guerre », sous l'égide du président sud-africain Thabo Mbeki. Sous la pression de ce dernier, de l’Union africaine et de l’ONU, Gbagbo accepte la candidature du chef de l’opposition Alassane Ouattara à l'élection présidentielle prévue pour octobre 2005. L’ONU reporte toutefois la tenue du scrutin en raison du climat de tension et adopte la résolution 1633 qui prolonge d'un an le mandat du président Gbagbo. Un Premier ministre de transition est nommé (Charles Konan Banny) et un nouveau gouvernement est formé. Les partisans de Gbagbo provoquent de violentes émeutes à Abidjan au début de l’année 2006 contre les intérêts français et le quartier général de l’ONU pour protester contre la décision du Groupe de travail international (GTI), chargé de veiller au processus de paix, de dissoudre le Parlement. Le président maintient l’Assemblée nationale. Le 4 mars 2007, Gbagbo et Soro signent un accord de[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Tom MICHAËL. GBAGBO LAURENT (1945- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Laurent Gbagbo - crédits : Yann Latronche/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Laurent Gbagbo

Autres références

  • AFRIQUE (conflits contemporains)

    • Écrit par René OTAYEK
    • 4 953 mots
    • 4 médias
    ...nouveaux critères posés par la loi fondamentale, Ouattara doit encore déclarer forfait, laissant le champ libre à l'affrontement entre le général Gueï et Gbagbo. C'est ce dernier qui en sort vainqueur, grâce à son sens tactique, à la mobilisation populaire qui empêche le détournement du vote par son rival...
  • CÔTE D'IVOIRE

    • Écrit par Richard BANÉGAS, Universalis, Jean-Fabien STECK
    • 13 572 mots
    • 8 médias
    ...ont considérablement imprégné les pratiques et les imaginaires du pouvoir : sous les présidences d'Houphouët-Boigny (1960-1993), les Bété, incarnés par Laurent Gbagbo (natif de Gagnoa), ont constamment été stigmatisés pour leur indocilité et leur opposition au régime. Cela s'est parfois exprimé avec violence,...
  • HOUPHOUËT-BOIGNY FÉLIX (1905-1993)

    • Écrit par Bernard NANTET
    • 2 093 mots
    • 1 média
    ...la Côte d'Ivoire qu'au début des années 1980. Mais elle révèle la pression de l'opposition rassemblée, dans la rue, autour de l'ancien leader étudiant Laurent Gbagbo. Houphouët-Boigny persiste, pourtant, à considérer l'opposition comme une manifestation de la démocratie qui veut le délester d'une partie...
  • OUATTARA ALASSANE (1942- )

    • Écrit par Amy MCKENNA
    • 934 mots
    • 1 média
    ...le pays sombre dans une guerre civile opposant les rebelles du nord, majoritairement favorables à Alassane Ouattara, et les partisans du gouvernement de Laurent Gbagbo qui contrôlent le sud du pays. Alassane Ouattara quitte à nouveau le pays à la fin de 2002 et n’y revient qu’en janvier 2006.

Voir aussi