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TERZIEFF LAURENT (1935-2010)

Laurent Terzieff est né à Toulouse le 27 juin 1935. Acteur et metteur en scène exigeant, il s'est toujours efforcé de présenter au public des textes d'auteurs contemporains. Appliquant à la lettre le proverbe persan affiché au Lutèce, « Serpent qui ne mue doit périr », il renouvelle le répertoire par une quête incessante et passionnée d'œuvres inédites éloignées du répertoire classique.

Né d'un père russe sculpteur et d'une mère céramiste, il rencontre à quinze ans Roger Blin dont il a vu la mise en scène de La Sonate des spectres de Strindberg. Il découvrira de la même façon En attendant Godot (1953) et Fin de partie (1957) de Beckett, Les Nègres (1959) et Les Paravents (1966) de Genet dans leur première mise en scène. Comme il l'expliquera à Claude Mauriac, « Roger est un des rares comédiens, un des rares metteurs en scène qui m'ait vraiment orienté vers le théâtre et profondément motivé. »

Laurent Terzieff fait ses débuts en tant que régisseur, puis comédien avec Jean-Marie Serreau, avec qui il travaillera jusqu'à la fermeture du théâtre de Babylone en 1954 (en jouant Adamov, Brecht, Kafka) puis avec Marcel Cuvelier et Michel Vitold. En 1953, il joue dans Tous contre tous, pièce mise en scène par Jean-Marie Serreau, puis dans trois pièces sous la direction de Marcel Cuvelier : L'Alchimiste de Ben Jonson, Judith de M. Bridier et La Famille Carjaval de Mérimée. Au côté d'Alain Cuny, il se produit également en 1959 dans Tête d'or de Paul Claudel, sous la direction de Jean-Louis Barrault. Dès 1955, sa rencontre avec Tania Balachova, dans Le Prince d'Égypte de Christopher Fry au Vieux-Colombier, va être déterminante ; elle lui permettra d'intérioriser ses conceptions du jeu d'acteur sans à proprement parler suivre l'enseignement de Balachova.

Laurent Terzieff réalise une première mise en scène au Lutèce en 1961, La Pensée d'Andreiev, dans une adaptation de Carlos Semprun Maura, qui lui permet de rassembler une équipe, issue pour la plupart du cours de Tania Balachova. Il s'agit d'une famille d'affinités dans la manière de jouer et d'aimer le théâtre : Pascale de Boysson, Michael Lonsdale, Marc Eyraud, Maurice Garrel, Philippe Laudenbach, Yves Gasc, Claude Aufaure, Yvette Etievant. Comme Roger Blin, Laurent Terzieff recherche aussi une proximité avec l'auteur du texte pour favoriser le passage de l'écrit à la vision scénique qui lui est propre. Il recherche des auteurs qui acceptent de s'investir dans une expérimentation véritablement théâtrale. En 1962, il obtient le prix de la Jeune Critique puis, deux ans plus tard, le prix Gérard-Philipe.

« La particularité irremplaçable du théâtre, explique-t-il en 2001 à Olivier Schmitt dans le livre d'entretiens qui lui est consacré, c'est qu'il se présente comme une expérience collectivement vécue, grâce avant tout à la présence physique réelle des acteurs sur le plateau qui permet au public de devenir lui-même un collectif extrêmement vivant : ce que j'appellerai une unicité plurielle, et non pas une foule solitaire comme par exemple au cinéma. » C'est cependant le cinéma qui lui vaudra la notoriété, en 1958, avec Mauro Bolognigni (La Notte brava) puis Les Tricheurs, de Marcel Carné, où il interprète le rôle d'un archange nihiliste. Il tourne également, entre autres, avec Roberto Rossellini (Vanina Vanini, 1961), H. G. Clouzot (La Prisonnière, 1967), Luis Buñuel (La Voie lactée, 1968), P. P. Pasolini (Médée, 1969), ou encore Jean-Luc Godard (Détective, 1985).

La Compagnie Laurent Terzieff n'est juridiquement créée qu'en 1979, bien qu'il ait depuis de longues années déjà mis en scène de nouveaux auteurs comme Murray Schisgal, Edward Albee, James Saunders, ou encore Slawomir Mrozek. Il est à la fois acteur, metteur en scène[...]

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Yves KIRCHNER. TERZIEFF LAURENT (1935-2010) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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