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LA CHANSON DES NIBELUNGEN (anonyme) Fiche de lecture

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L'exaspération des passions

L'intérêt de ce poème consiste dans le fait d'avoir imaginé un lien précis entre le drame individuel de Siegfried et le massacre des Burgondes. À l'origine, pourtant, il n'existe aucun rapport entre le tueur de dragon, le libérateur de princesses captives et le massacre des Burgondes, transportés des bords du Rhin à ceux du Danube.

Les caractères des personnages mis en scène sont fort différents de ceux des poésies courtoises. Au lieu d'être en présence de chevaliers à la morale courtoise, nous nous trouvons en face de valeureux guerriers à la passion sauvage. Même les femmes incarnent cette férocité. Brünhild, la femme innocente, devient peu à peu vindicative et offensive. Le personnage de Kriemhild ne cesse lui aussi de s'enrichir et de se transformer. La douce fiancée, timide et aimante, du début devient peu à peu une veuve implacable et avide de vengeance. Même Hagen, pâle criminel et confident attaché à la reine, devient particulièrement féroce dans son dévouement à sa souveraine.

L'un des aspects essentiel de cette saga germanique est justement le souci de donner aux principaux protagonistes une dimension psychologique. Le chant maintient un équilibre entre la présentation classique des princes, reines, selon les normes attendues dans le cadre de la poésie courtoise, et la volonté de rendre la violence des passions qui les animent, passions aristocratiques, au nombre desquelles l'honneur occupe la toute première place, mais aussi passions humaines, d'amour et de haine. Au-delà du vernis de cour, les personnages peinent à maîtriser la violence de leurs désirs, constamment écartelés entre leurs pulsions et leur volonté de se conformer à un modèle féodal qui constitue le cadre permanent de leur existence.

La saga antique des Nibelungen inspira bon nombre de poètes et de musiciens. Elle aurait été pour la première fois portée à la scène en 1557 par Hans Sachs dans une tragédie en sept actes, Siegfried à la peau de corne. Wagner s'inspira de la partie mythique de la saga en réalisant L'Anneau des Nibelungen, représenté pour la première fois à Bayreuth en 1876.

— Florence BRAUNSTEIN

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Florence BRAUNSTEIN. LA CHANSON DES NIBELUNGEN (anonyme) - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

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