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L'INGÉNU (Voltaire) Fiche de lecture

L'Ingénu est, après Zadig (1747), Micromégas (1752) et Candide (1759), le dernier des grands contes philosophiques de Voltaire (1694-1778). Écrit en 1767 à Ferney en Suisse, où le philosophe réside depuis 1760, le livre, composé de vingt chapitres, est publié anonymement la même année à Genève sous le titre L'Ingénu, Histoire véritable, tirée des manuscrits du P. Quesnel. À soixante-treize ans, Voltaire montre qu'il n'a rien perdu de son mordant ni de sa vitalité créatrice : son ironie se tourne une fois de plus vers ses cibles favorites – l'intolérance et l'hypocrisie religieuses. Mais il y ajoute une dimension sentimentale qui renouvelle le genre dont il est l'un des inventeurs.

Un Huron sur le sol français

À peine débarqué d'Angleterre en Bretagne, un jeune Huron (Amérindien du Canada) rencontre l'abbé de Kerkabon et sa sœur, qui le reconnaissent comme leur neveu, fils de leur frère parti au Canada vingt ans plus tôt et dont ils sont sans nouvelles. Surnommé l'Ingénu en raison de sa fraîcheur d'esprit et de sa liberté de parole, le Huron séduit la petite société locale, parmi laquelle l'abbé de Saint-Yves et sa jolie sœur, promise au fils du bailli. On décide de le convertir et de le baptiser sous le prénom d'Hercule. Mais le jeune homme, qui est tombé amoureux de Mlle de Saint-Yves, se fâche en apprenant qu'il lui est interdit d'épouser sa marraine de baptême. L'abbé de Saint-Yves, sur les conseils intéressés du bailli, envoie sa sœur au couvent. L'Ingénu surprend alors par hasard une troupe anglaise venue piller l'abbaye, qu'il repousse à lui tout seul.

Sur le point d'aller délivrer sa bien-aimée, il se résout à partir pour Versailles, dans l'espoir de faire reconnaître son acte de bravoure et d'obtenir l'autorisation d'épouser Mlle de Saint-Yves. En chemin, il rencontre un groupe de huguenots (nom donné alors aux protestants français) qui lui font part des persécutions qu’ils subissent depuis la révocation de l'édit de Nantes. Il leur promet de plaider leur cause auprès de Louis XIV, mais la conversation est surprise par un espion du père de La Chaise, le confesseur jésuite du monarque, et instigateur présumé de la persécution. Arrivé à Versailles, l'Ingénu, promené d'intermédiaire en intermédiaire, est bientôt arrêté (sur la foi du rapport de l'espion). Il est emprisonné à la Bastille dans la même cellule que Gordon, un vieux janséniste. Les deux hommes sympathisent et discutent pendant des mois, s'enrichissant réciproquement, l'Ingénu du savoir de Gordon, Gordon du bon sens naturel de l'Ingénu.

Entre-temps, Mlle de Saint-Yves a décidé de se rendre à Paris pour tenter de faire libérer son amoureux. Elle y est rejointe par l'abbé de Kerkabon et sa sœur, soucieux du sort de leur neveu, puis par l'abbé de Saint-Yves, accompagné du bailli et de son fils, décidés à faire acter le mariage. La jeune femme est reçue par M. de Saint-Pouange, un cousin et favori de Louvois, ministre de Louis XIV. Il lui promet de l'aider en échange de ses faveurs (sa virginité). D'abord scandalisée, elle finit par succomber, sur les conseils d'un jésuite, le père Tout-à-tous. Les deux prisonniers sont libérés et une fin heureuse semble se dessiner lorsque l'infidélité de Mlle de Saint-Yves est révélée. Celle-ci tombe malade de honte et de désespoir et ne tarde pas à mourir. Dans le même temps, on apprend que Gordon et l'Ingénu seront présentés à la Cour. Quant à Saint-Pouange, pris de remords, il s'engage à réparer sa faute. Tous seront finalement récompensés, à commencer par l'Ingénu, qui deviendra officier du roi.

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