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L'ÉCHARPE ROUGE (Y. Bonnefoy) Fiche de lecture

Yves Bonnefoy - crédits : Marion Kalter/ AKG-images

Yves Bonnefoy

Né en 1923 à Tours de parents originaires des Causses et mort à Paris en 2016, le poète, critique et traducteur français Yves Bonnefoy revient dans L’Écharpe rouge (Mercure de France, 2016), ultime livre publié de son vivant avec un recueil de poésie, Ensemble encore suivi de Perambulans in noctem, sur les origines de sa vocation littéraire. Par-delà l’exégèse de ses mythes personnels, ce testament autobiographique, dédié à sa fille Mathilde, offre une réflexion sur le silence et la poésie.

Le titre reprend celui d’une ancienne « idée de récit » : L’Écharpe rouge désigne d’abord la centaine de vers narratifs qui furent dictés au poète, de façon impérieuse et non imaginée, en 1964. Les projets de publication dans le Mercure de France de Gaëtan Picon, puis dans une édition illustrée par le peintre Claude Garache, n’aboutirent pas. L'auteur s’apprêtait à jeter le dossier de ce récit inachevable quand, plus de quarante ans après, il s’étonna que les deux longs fragments de 1964 trouvent leur clef dans les « Deux scènes » en prose qu’il venait d’écrire durant l'été 2009.

Une archéologie de la mémoire

Dans son enquête, Yves Bonnefoy va décrypter l’énigme de ces textes en plongeant au plus profond de leur signification latente. La première partie, éponyme, rassemble autour des vers de « L’Écharpe rouge » neuf récits analytiques ; la seconde, intitulée « Deux scènes et notes conjointes », ajoutée à l’ensemble comme trois pièces manquantes d'un puzzle, tente de délivrer des fictions de l'inconscient, par l'élucidation critique, une « vérité de parole » poétique.

Le livre s'ouvre sur la présentation et la retranscription de cette centaine de vers : précipitée de l’inconscient, leur énigme fondatrice donne à l'archéologue de la mémoire les codes secrets de son monde intérieur ou, pour reprendre le titre d’un de ses récits les plus fameux, de son « arrière-pays ». Un homme vieillissant met de l’ordre dans ses archives et découvre une enveloppe vide dont l’adresse porte la mention de Toulouse. Il se souvient alors d’une ombre dans une maison, portant une écharpe rouge. Il finit par écrire à l’adresse indiquée, dont il reçoit une réponse. Défilent ensuite d’autres images et souvenirs : un pas entendu dans une maison vide, une jeune fille tenant entre ses mains la même écharpe rouge. La seconde ébauche, comme un collage surréaliste, continue la première, avec la découverte de l’adresse de l’inconnu à Toulouse, la vision d'un homme penché à une fenêtre, la réponse énigmatique à la lettre, la traversée d’un pont, un masque de Nouvelle-Guinée dans un sac, un voyage nocturne en train.

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Écrit par

  • : professeur agrégé, docteur en littérature française, écrivain

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Pour citer cet article

Yves LECLAIR. L'ÉCHARPE ROUGE (Y. Bonnefoy) - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Yves Bonnefoy - crédits : Marion Kalter/ AKG-images

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