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FERRIER KATHLEEN (1912-1953)

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« What is life ? »

Cette « anti-diva » (pour reprendre le titre du remarquable documentaire de Suzanne Philips), qui ne peut être considérée comme un phénomène purement vocal, possédait une vraie voix de contralto évoluant sans effort sur une large tessiture de deux octaves (du sol2 au sol4). Un timbre somptueux, profond et coloré, une expressivité naturelle, une très fine sensibilité ainsi qu'une saisissante sobriété la rendent sans égale dans le répertoire qu'elle s'était choisi. Et ce répertoire, c'est d'abord celui de l'oratorio, tant prisé par le public britannique, avec des arias signées Bach, Haendel et Elgar qu'elle grave sous la direction d'Adrian Boult et Malcolm Sargent.

Enregistrée sur le vif en 1950, elle intervient, à la fois noble et pudique, dans une Messe en si et une Passion selon saint Matthieu que dirige Herbert von Karajan. C'est du festival de Hollande que nous vient l'écho de son saisissant Orfeo capté en public sous la baguette de Charles Bruck en 1951 (la production d'Orfeo ed Euridice du festival de Glyndebourne de 1947 sous la direction de Fritz Stiedry n'a donné lieu qu'à un enregistrement abrégé). Mahlérienne mythique, elle lègue d'insurpassables visions des Kindertoten Lieder (Bruno Walter avec l'Orchestre philharmonique de Vienne en 1949 ; Otto Klemperer avec le Concertgebouw d'Amsterdam, lors d'un concert public de 1951), de Das Lied von der Erde (avec Set Svanholm et l'Orchestre philharmonique de New York dirigé par Bruno Walter en 1948 ; avec Julius Patzak et l'Orchestre philharmonique de Vienne dirigé par Bruno Walter en 1952 ; avec Richard Lewis et le Hallé Orchestra sous la baguette de John Barbirolli en 1952), de la Deuxième Symphonie « Résurrection » (avec Jo Vincent et le Concertgebouw d'Amsterdam dirigé par Otto Klemperer, lors d'un concert public de 1951), ainsi que trois des cinq Rückert Lieder (avec l'Orchestre philharmonique de Vienne et Bruno Walter, 1952). Brahmsienne non moins remarquable, elle nous offre des interprétations magiques de la Rhapsodie pour voix d'alto, chœur d'hommes et orchestre (Orchestre philharmonique de Londres dirigé par Clemens Krauss, 1947 ; Orchestre philharmonique d'Oslo dirigé par Erik Tuxen, 1949 ; Orchestre symphonique de la Radio danoise dirigé par Fritz Busch, lors d'un concert public à Copenhague, le 6 octobre 1949), des Quatre Chants sérieux opus 121, où elle est accompagnée au piano par John Newmark (1950), sans oublier une contribution tendre et souriante dans les Liebeslieder Walzer opus 52, et les Neue Liebeslieder-Waltzer, opus 65, où elle retrouve notamment Julius Patzak et Irmgard Seefried (1951). Celle qui, selon Bruno Walter, avait « le charme d'une enfant et la dignité d'une lady, à la fois fille de la campagne et prêtresse », nous a également laissé de somptueuses séances de lieder : Schubert, Brahms, Schumann – il nous reste, enregistré au festival d'Édimbourg de 1949, avec Bruno Walter au piano, une remarquable version du Frauenliebe und -leben (L'Amour et la vie d'une femme), qui semble avoir été composé pour elle – s'enchaînent dans des récitals souvent ponctués par l'irrévérence malicieuse de chansons populaires anglaises.

— Pierre BRETON

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Pierre BRETON. FERRIER KATHLEEN (1912-1953) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

Média

Kathleen Ferrier et Bruno Walter - crédits :  Time Life Pictures/ Pix Inc./ The LIFE Picture Collection/ Getty Images

Kathleen Ferrier et Bruno Walter