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KROLOW KARL (1915-1999)

Né à Hanovre, Karl Krolow a vécu de sa plume à partir de 1956, après avoir suivi, à Göttingen et Breslau, des études supérieures de langues et de littératures romanes et germaniques. Il est un grand nom du lyrisme allemand contemporain. Membre de l'Académie bavaroise des beaux-arts, de l'Académie allemande de langue et littérature, il reçoit en 1956 le prix Georg Büchner, l'une des plus hautes distinctions littéraires en R.F.A.

Krolow appartient à la génération des poètes de l'« après-Auschwitz ». Il s'est affirmé depuis 1945 au gré d'une production régulière et ininterrompue. Ses titres les plus significatifs sont : Les Signes du monde (Die Zeichen der Welt, 1952), Vent et Temps (Wind und Zeit, 1954), Jours et Nuits (Tage und Nächte, 1956), Corps étrangers (Fremde Körper, 1959), Invisibles Mains (Unsichtbare Hände, 1962), Paysages pour moi (Landschaften für mich, 1966), Poèmes de tous les jours (Alltägliche Gedichte, 1968), Rien d'autre que vie (Nichts weiter als Leben, 1970), etc.

Les premiers poèmes de K. Krolow lui ont valu d'être classé dans l'école du « lyrisme de la nature » (Naturlyrik), inaugurée par Wilhelm Lehmann, Oskar Loerke et Elisabeth Langgässer. L'invocation à la terre : (« la terre qui fume / d'épices fortes ») — si fréquente chez lui —, est exigence d'une parole authentique. Mais l'originalité de Krolow se révèle dans une hardiesse, une profusion métaphorique héritée du surréalisme de Paul Eluard et de Federico García Lorca. Le poète est, tel Robinson naufragé sur son île, entouré des mots « qui bourdonnent à l'oreille / comme cigales et abeilles ». Mais Krolow reste conscient de la vanité de l'églogue idyllique.

Au fil des recueils les plus récents, on assiste à une évolution du lyrisme de Krolow. Le poète abandonne la forme élégiaque qui repose sur une immédiateté au monde, une identification entre le sujet et les choses, pour un langage délibérément « laconique ». Il n'y a plus de paysage innocent. Une culture oblitère obstinément la nature. La syntaxe tend à se crisper en constructions nominales. Si la métaphore reste le moteur de l'expression poétique, elle change littéralement de fonction et de sens : « Chandelle en un flacon : / enfance... » C'est le langage qui, ici, dicte les choses, et non l'inverse. Au début était le Verbe.

De l'œuvre de Krolow sont inséparables ses traductions de poètes français (Apollinaire en particulier) et ibériques (F. G. Lorca). Ses essais, Aspects de la poésie allemande contemporaine (Aspekte zeitgenössischer deutscher Lyrik, 1961) ou Le Rôle de l'auteur dans la poésie expérimentale (Die Rolle des Autors im experimentellen Gedicht, 1962), demeurent des textes de référence pour la poésie allemande.

— Jean-Jacques POLLET

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Pour citer cet article

Jean-Jacques POLLET. KROLOW KARL (1915-1999) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALLEMANDES (LANGUE ET LITTÉRATURES) - Littératures

    • Écrit par Nicole BARY, Claude DAVID, Claude LECOUTEUX, Étienne MAZINGUE, Claude PORCELL
    • 24 585 mots
    • 29 médias
    ...La poésie reste un peu à l'écart de ce « réalisme » immédiat, et ses grands représentants appartiennent à une génération plus ancienne. Si Karl Krolow (1915-1999) s'en tient à la métaphore traditionnelle avant de s'ouvrir aux influences françaises et américaines, un phénomène original se manifeste...

Voir aussi