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SIMON JULES (1814-1896)

Ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé et docteur en philosophie, Jules Simon est élu député en 1848. Il refuse de prêter serment à Napoléon III. Opposant à l'Empire, il est élu au Corps législatif en 1863 ; le 4 septembre 1870, il devient membre du gouvernement de la Défense nationale ; ministre de Thiers, il démissionne en mai 1871 par opposition à la droite monarchiste. Sénateur inamovible à partir de 1875 et républicain modéré, il est appelé par Mac-Mahon à la succession de Dufaure à la présidence du Conseil en décembre 1875. Le clergé, par la voix de Mgr Dupanloup, fait preuve d'hostilité à son égard, à la suite de son action en faveur d'un enseignement primaire obligatoire. Mac-Mahon croit pouvoir, en lui confiant la présidence du Conseil, dissocier les républicains modérés des partisans de Gambetta. D'une vive intelligence, lui seul sait mettre en valeur les deux orientations possibles d'une même profession de foi : « Je suis, vous le savez, profondément républicain et profondément conservateur », dit-il, en se présentant tour à tour à la Chambre et au Sénat, après le choix de Mac-Mahon. Jules Simon entre dans l'histoire à l'occasion de la journée du 16 mai 1877. La Chambre vient d'abroger une loi confiant aux jurys le jugement des délits de presse au profit des instances correctionnelles. Le 16 mai, le président de la République écrit au chef du gouvernement pour lui rappeler l'orientation dualiste de la République. « Si je ne suis pas responsable, comme vous, devant le Parlement, j'ai une responsabilité devant la France. » Il est reproché, en fait, au gouvernement, de ne pas partager les orientations du président de la République qui « à lui seul, était un pouvoir public indépendant ». Jules Simon démissionne. Après l'avis conforme du Sénat et la dissolution de la Chambre, c'est une active campagne électorale qui confirmera, après le succès des républicains, la soumission de Mac-Mahon et l'irresponsabilité présidentielle face à la responsabilité solidaire et individuelle des ministres. Par la suite, cet anticlérical épris de liberté individuelle se signale par son opposition à Jules Ferry en 1880, partagée par le Sénat qui ne laissa pas passer l'article 7 par lequel le gouvernement voulait interdire l'enseignement aux congrégations non autorisées. Il est élu à l'Académie française en 1875 et il laisse des Souvenirs.

— Armel MARIN

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Écrit par

  • : metteur en scène, conseiller en éducation populaire et techniques d'expression

Classification

Pour citer cet article

Armel MARIN. SIMON JULES (1814-1896) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • JEUX OLYMPIQUES

    • Écrit par Jean DURRY, Universalis, Pierre LAGRUE, Alain LUNZENFICHTER
    • 15 675 mots
    • 12 médias
    ...Comité pour la propagation des exercices physiques, à la tête duquel il a placé une célébrité de l’époque, l'ancien ministre de l'Instruction publique Jules Simon, tandis qu'il assure le secrétariat général. En 1889, il assumera également celui du Congrès international, organisé lors de l'...
  • PHILOSOPHIE

    • Écrit par Jacques BILLARD, Jean LEFRANC, Jean-Jacques WUNENBURGER
    • 21 137 mots
    • 10 médias
    En 1874, Jules Simon, disciple pas toujours fidèle ni même toujours honnête de Victor Cousin, mais soucieux lui aussi de ne pas laisser sacrifier les humanités sur l'autel de la « modernité », crée une année proprement philosophique en répartissant les épreuves du baccalauréat sur deux années séparées....
  • SPORT (Histoire et société) - Histoire

    • Écrit par Robert PARIENTÉ
    • 12 553 mots
    • 4 médias
    Coubertin fut écouté par certains ministres, notamment par Jules Simon, qui régna longtemps en France sur l'éducation publique. Ce dernier écrivait, en 1889 également : « On fait un bachelier, un licencié, un docteur, mais un homme, il n'en est pas question. Au contraire, on passe quinze années à détruire...