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JR (1983 env. )

De tous les artistes français de la scène street art, JR est sans doute celui dont le parcours est le plus singulier et l'ascension la plus fulgurante. Après avoir tenu les rues du monde entier pour la « plus grande galerie d'art au monde », il compte désormais parmi les artistes de la galerie Perrotin à Paris. Il a intégré, à moins de trente ans, la prestigieuse agence photographique VU.

« Photograffeur »

Dissimulé derrière de simples initiales (une manière de protéger son anonymat et de revendiquer le caractère collectif de ses travaux), cet autodidacte est venu à l'art, comme la plupart des street artists de sa génération, via la pratique du graffiti. Dans un milieu très hiérarchisé où les peintres médiocres sont condamnés à l'invisibilité, JR troque rapidement la bombe aérosol contre un appareil photo trouvé par hasard dans le métro et commence à documenter les excursions de ses pairs. Il passe ensuite à ce qui deviendra son medium de prédilection : l'affiche photographique en noir et blanc. Du writing (autre nom du graffiti new-yorkais), le « photograffeur » n'en conserve pas moins l'éthique et les modes opératoires : prédilection pour les « délaissés urbains », interventions illégales ou « à peine légales », goût pour la coopération sinon la création collective...

<em>Wrinkles of the City</em> à Los Angeles, JR - crédits :  Cdrin/ Shutterstock

Wrinkles of the City à Los Angeles, JR

Souhaitant préserver son indépendance, il organise ses premières expositions dans la rue, en toute illégalité et sans autres ressources financières que les siennes. Rompu à l'art de s'infiltrer, il s'intéresse tout particulièrement aux espaces de relégation : en 2004-2005, il éveille la curiosité médiatique en couvrant la cité des Bosquets, à Montfermeil, en région parisienne, de portraits d'habitants en très grand format. Deux ans plus tard, il part en Cisjordanie et coréalise avec le writer Marco Face 2 Face, une galerie de gros plans d'Israéliens et de Palestiniens affichés de part et d'autre du mur de séparation, et dont la cocasserie cherche à rendre l'antagonisme dérisoire. En 2008, il parcourt les bidonvilles de Rio, Phnom Penh ou Nairobi pour y célébrer les femmes à travers une série photographique au 28 millimètres, Women are heroes. En 2011, il questionne à travers Wrinkles of the city (« Les Sillons de la ville ») le devenir des personnes âgées dans quatre villes qui, chacune à leur manière, sont les témoins d'importantes mutations : Shanghai, Los Angeles, La Havane, Carthagène.

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Pour citer cet article

Stéphanie LEMOINE. JR (1983 env. - ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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<em>Wrinkles of the City</em> à Los Angeles, JR - crédits :  Cdrin/ Shutterstock

Wrinkles of the City à Los Angeles, JR

Autres références

  • VISAGES VILLAGES (A. Varda et JR)

    • Écrit par René MARX
    • 1 029 mots

    Les chemins buissonniers, voilà ce qui rapproche Agnès Varda, autoproclamée dans un sourire « La grand-mère de la nouvelle vague », et JR, l’un des plasticiens français les plus fameux. Varda a parcouru le monde avec ses appareils photographiques et ses caméras de cinéma, JR a tapissé les murs...

  • MAISON EUROPÉENNE DE LA PHOTOGRAPHIE, Paris

    • Écrit par Hervé LE GOFF
    • 1 070 mots
    • 1 média
    ...audience grâce aux réseaux sociaux et adapte sa programmation à des fondations et à des partenariats privés. À partir de 2019, et après l'installation du plasticien JR sur l'ensemble de l'édifice, la programmation annuelle, désormais rythmée en trois saisons d’expositions diverses ou monographiques comme...
  • VARDA AGNÈS (1928-2019)

    • Écrit par René PRÉDAL
    • 946 mots
    • 1 média

    Née le 30 mai 1928 à Bruxelles d’une mère française et d’un père grec, Agnès Varda passe son enfance à Sète puis étudie la photographie et l’histoire de l’art à Paris. Amie d’enfance de l’épouse de Jean Vilar, elle devient photographe du TNP, enregistrant tout, des maquettes audio aux répétitions et...