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CARO JOSEPH (1488-1575)

Maître des talmudistes et de la communauté de Safed au xvie siècle, Joseph Karo naquit sans doute à Tolède en Espagne. Après l'expulsion de 1492, sa famille s'exila au Portugal et prit le chemin de la Turquie. Il vécut là quarante années, d'abord à Istanbul, puis à Andrinople, à Nicosie et à Salonique. Il eut pour premier maître son père, Éphraïm Karo, talmudiste de classe. Le martyre de Salomon Molcko en 1532 l'impressionna beaucoup. Il fut fortement marqué par les enseignements kabbalistiques de Joseph Tartazah et de Salomon Alkabez, qui dirigeaient à Salonique et à Andrinople des cercles piétistes et kabbalistiques. En 1522, il commença à rédiger son grand ouvrage le Bēt Yoseph (La Maison de Joseph) et, en 1536, il quitta la Turquie pour Safed en Galilée. Il fut un des quatre élèves qui reçurent l'ordination (semikah) des mains de Jacob Bérab, en 1538. Après le départ de Bérab, Karo fut regardé comme le maître de tous les talmudistes et de la communauté de Safed. Il dirigea une académie talmudique de deux cents élèves. Il mourut un 13 nisan, à l'âge de quatre-vingt-sept ans.

Le magnus opus de Joseph Karo est son Bēt Yoseph, auquel il consacra vingt ans de sa vie, et qui se présente sous la forme d'un commentaire des Arba Turim de Jacob ben Ašer. Dans ce chef-d'œuvre de la halakha, Karo expose l'évolution de chaque loi à partir des sources talmudiques en précisant les moments importants de ce développement à l'aide de toutes les œuvres existantes, de Rashi à Joseph Colon, qu'elles soient de l'école franco-allemande ou qu'elles relèvent de la tradition espagnole. Il en vient aussi à dire ce que doit être la halakha sur le plan pratique. En cas de doute, il adopte le principe de trancher en fonction de la règle de la majorité en tenant compte des opinions d'Isaac Alfasi, de Maimonide, d'Asher ben Yehiel, mais en laissant place cependant à la souplesse requise en fonction des us et des coutumes des différents codes.

C'est à partir de l'autorité indiscutée de son Bēt Yoseph que Karo rédigea le Shūlhan ‘Arūk (La Table dressée), qui était en principe l'abrégé de l'ouvrage précédent et était destiné aux jeunes étudiants, mais qui devint en fait le code adopté par tout Israël. Il rédigea aussi un commentaire important sur le Mishnēh Tōrah de Maimonide, le Kēsēf Mishnēh, ainsi que des Responsa. Karo a laissé, par ailleurs, le témoignage de ses expériences mystiques, en particulier des visites nocturnes de son mentor céleste (Maggid), identifié avec l'archétype de la Mishnah, dans son ouvrage Maggid Mēsharim (Le Mentor des droites conduites), qui comporte des éclaircissements intéressants sur la Shekinah (Présence divine) et sur les relations entre l'émanation et les mondes inférieurs.

— Roland GOETSCHEL

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Écrit par

  • : professeur des Universités, directeur du département d'études hébraïques et juives de l'université de Strasbourg-II, professeur associé à l'Université libre de Bruxelles

Classification

Pour citer cet article

Roland GOETSCHEL. CARO JOSEPH (1488-1575) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • JUDAÏSME - Les pratiques

    • Écrit par Gérard NAHON, Charles TOUATI
    • 4 433 mots
    • 2 médias
    ... y figurent sous une forme implicite que découvrira le Midraš. Ils sont codifiés par la halakha ou norme rabbinique : le Sulḥan 'Arukh de Joseph b. Ephraïm Caro (Venise, 1567) constitue la forme dernière de sa codification. Des rites agraires règlent la consommation des céréales autorisées...
  • JUDAÏSME - Le judaïsme contemporain

    • Écrit par Bernard DUPUY
    • 2 690 mots

    Dans l'existence à part et l'autonomie qu'il a eues au cours du temps, le peuple juif avait vécu sous sa propre régulation talmudique et post-talmudique. Le point d'arrivée de cette législation s'est exprimé dans le Shulhan arukh de Joseph Caro (1488-1575), dont on a...

  • KABBALE

    • Écrit par François SECRET, Gabrielle SED-RAJNA
    • 7 223 mots
    ...centre du renouveau doctrinal est Safed, petite ville de Galilée. Les idées théosophiques pénètrent toutes les disciplines ; même des juristes comme Joseph Karo se situent sur le terrain de la kabbale et se réclament, comme plusieurs de leurs contemporains, de révélations personnelles. Le penseur le...
  • SHULHAN ARUKH

    • Écrit par Gérard NAHON
    • 197 mots

    Héritier par excellence de l'Espagne médiévale, Joseph Caro fut à la fois un juriste et un mystique. Il consacra trente années à la composition de Beit Yosef (La Maison de Joseph), un commentaire encyclopédique de la halakha, ou loi rabbinique, couvrant l'ensemble de la jurisprudence...

Voir aussi