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SMRKOVSKÝ JOSEF (1911-1974)

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Fils de paysan, ouvrier boulanger, Smrkovský adhère en 1930 au Parti communiste tchécoslovaque. Secrétaire des Jeunesses communistes jusqu'en 1937 puis secrétaire du comité régional de Brno, il reste dans le pays pendant l'occupation allemande. En 1944, il reconstitue le comité central clandestin décimé par trois fois et se fait le promoteur du frontisme en fondant le Conseil national tchèque où il se contente, pour des raisons tactiques, de la vice-présidence. Opposé à toute action prématurée, il réussit cependant à prendre le contrôle de l'insurrection de Prague qui éclate spontanément le 5 mai 1945, malgré l'avis défavorable des Soviétiques. Smrkovský et les non-communistes décident de négocier avec les Allemands et les partisans de Vlassov pour limiter les pertes en vies humaines, initiative qui lui sera beaucoup reprochée. En même temps, il refuse à Patton et à Churchill l'entrée des blindés américains à Prague.

Après la guerre, il continue à mener de front une carrière d'organisateur et de négociateur habile : membre du présidium, de l'Assemblée nationale et du comité central du parti, il dirige en même temps l'assemblée de région de Bohême et les Domaines nationaux. En février 1948, il est l'adjoint de Pavel à la tête des Milices populaires dont la pression armée contribuera à faire basculer le régime du côté du Parti communiste. Après 1948, les « moscovites » isolent Smrkovský dans des fonctions étatiques (vice-ministre de l'Agriculture et direction des fermes d'État). Les soupçons se portent sur lui après la rupture avec la Yougoslavie et l'aggravation de la crise économique, surtout dans l'élevage dont il est le responsable. Arrêté en avril 1951, il est condamné à la prison à perpétuité comme « agent de la Gestapo » et « saboteur des fermes d'État ». Lutteur infatigable, à partir de 1954, il ne cesse de harceler les dirigeants en place par ses lettres et ses requêtes. En 1955, il est libéré avec sursis et devient forestier puis président d'une coopérative agricole. Smrkovský est le premier à dénoncer les brutalités infligées aux emprisonnés. Enfin réhabilité en 1963 et réadmis dans le parti, il retrouve ses fonctions dans l'appareil économique et à la Chambre. En 1966, il réintègre le comité central. Ministre des Eaux et Forêts en 1967-1968, il représente les libéraux lors du plénum de décembre 1967, où il fait un réquisitoire implacable contre le président et premier secrétaire, Novotny, qu'il somme de démissionner. Il écrit, parle et se dépense sans compter pour débarrasser le parti des déformations bureaucratiques tout en prêchant la prudence, aussi bien aux jeunes et aux partisans d'une rupture franche avec le passé qu'aux Soviétiques favorables à la reprise en main. Accédant en mars 1968 au présidium du comité central, il est élu le 18 avril président de l'Assemblée nationale et se félicite de la liberté des débats. Berlin-Est puis les Soviétiques l'attaquent pour sa mansuétude envers les contestataires.

Cinq jours après l'occupation du pays, le 21 août 1968, il signe, menottes aux poignets, les accords de Moscou, expliquant qu'il convient d'éviter le pire. En janvier 1969, il est écarté de la présidence de la nouvelle Assemblée fédérale, malgré une campagne des syndicats, des étudiants et de l'opinion en général en sa faveur. Il se départ alors de son opportunisme tactique et dénonce ouvertement la « politique de cabinet ». Toutefois, il recule devant la grève politique parce que « l'heure est à la prudence ». Ses autocritiques, toutes de forme, n'empêchent pas sa chute ni son exclusion du parti en 1970. Malgré son cancer des os, Smrkovský continue de résister à la normalisation dans les rangs de l'opposition clandestine et par ses nombreuses déclarations. L'opinion publique,[...]

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Écrit par

  • : docteur de troisième cycle, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, diplômé de l'École nationale des langues orientales, chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études

Classification

Pour citer cet article

Vladimir Claude FISERA. SMRKOVSKÝ JOSEF (1911-1974) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • TCHÉCOSLOVAQUIE

    • Écrit par , et
    • 12 946 mots
    • 10 médias
    ...nouvelle impulsion. Dirigée de Moscou par Gottwald, Šverma et Slanský, elle est animée sur place par des militants comme Dolanský, Antonín Novotný, Josef Smrkovský, Antonín Zápotocký. Beaucoup d'entre eux sont exécutés ; certains sont déportés dans des camps de concentration où ils retrouvent d'anciens...