Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ORTEGA Y GASSET JOSÉ (1883-1955)

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par

L'art et l'esthétique

Dans Le Spectateur, Ortega écrit à plusieurs reprises d'admirables commentaires sur l'art. La peinture, en particulier, l'impressionne intensément. Greco, Titien, Poussin, Vélasquez, Goya, Zuloaga, Cézanne ont spécialement retenu son attention. La critique littéraire est aussi un genre où Ortega excelle ; c'est par un effort de sympathie qu'il s'applique surtout à saisir l'originalité d'un écrivain. Il a écrit de pénétrantes études sur Cervantes, Goethe, Pío Baroja, Azorín, Proust. La Deshumanización del arte (1925) analyse l' esthétique de l'art pur des années d'après guerre. L'art « déshumanisé », selon le philosophe, se caractérise par le souci du style, par l'épuration du réel, par le rejet de l'anecdote et de l'émotion au profit du jeu esthétique considéré comme une fin en soi, par la préférence donnée à un art aristocratique sur un art populaire, par le raffinement de la technique et des moyens d'expression. « L'art nouveau a la masse contre lui et il l'aura toujours. Il est impopulaire par essence ; plus encore, il est antipopulaire. Quelle que soit l'œuvre qu'il engendre, elle produit automatiquement dans le public un curieux effet sociologique. Elle le divise en deux parties : l'une, minime, formée par un nombre réduit de personnes qui lui sont favorables ; l'autre, majoritaire, innombrable, qui lui est hostile. » Cet art abstrait ou hermétique (celui de Debussy ou de Mallarmé, de Joyce ou de Pirandello) se définit par l'importance primordiale du talent, de la science du créateur : il est l'art des élites. Les appréciations d'Ortega sur cet art sont celles d'un esthète plus soucieux de l'art que des hommes, plus tenté par la jouissance artistique qu'intéressé par les passions du cœur : « Le plaisir esthétique doit être intelligent. » On peut lui opposer une attitude plus réaliste, plus généreusement ouverte sur l'humain.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

Classification

Pour citer cet article

Bernard SESÉ. ORTEGA Y GASSET JOSÉ (1883-1955) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • OCAMPO VICTORIA (1890-1979)

    • Écrit par
    • 771 mots

    Née à Buenos Aires, Victoria Ocampo appartenait à une famille traditionnelle de la haute société argentine. Sa sœur Silvina (1903-1993), épouse à partir de 1940 d'Adolfo Bioy Casares, devait révéler, dans le domaine fantastique, un talent d'une grande originalité. Dès l'enfance Victoria...

  • SOCIÉTÉ DE MASSE

    • Écrit par
    • 3 717 mots
    La société de masse a trouvé ses plus violents critiques au xxe siècle, époque qui connaît, en effet, une surindustrialisation. Ainsi José Ortega y Gasset, influencé par le romantisme germanique, considère-t-il avec inquiétude la « révolte des masses » qui menace les élites cultivées ; ainsi...