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RIVERA JOSÉ EUSTASIO (1888-1928)

Né en 1888 à Neiva (Colombie), José Eustasio Rivera fait des études de droit et publie un recueil de sonnets en 1921 sous le titre Tierra de promisión. Influencés par Darío, ces sonnets chantent la nature colombienne et ses emblèmes : le « tigre », le cheval sauvage, le condor. Rivera découvre les llanos (grandes plaines à bétail) de Casanare et, à partir de 1922, entreprend la rédaction d'un roman consacré à cette région. Mais, nommé secrétaire d'une Commission bipartite chargée de fixer la frontière entre le Pérou et la Colombie, il explore la selva (forêt amazonienne) et réoriente son œuvre vers l'« enfer vert ». C'est en 1924 que paraît La Vorágine, qui fera la célébrité de Rivera. Le roman recueille de nombreuses opinions favorables, dont celle d'un autre célèbre écrivain de la selva, Horacio Quiroga ; mais il est critiqué pour ses faiblesses stylistiques, que l'auteur s'efforcera de corriger au cours des quatre éditions suivantes. Rivera meurt prématurément à New York en 1928.

La Vorágine repose sur de nombreux faits réels tels que les crimes commis dans la région du Putumayo par la firme Arana ou les massacres perpétrés par le « colonel » Funes. Plusieurs personnages du livre portent leur vrai nom ou s'inspirent d'individus réels. Le roman se présente comme une autobiographie retrouvée dont l'auteur, Arturo Cova, un jeune poète, disparaît à la fin. Il sera le seul facteur d'unité d'un texte sans composition précise, sur lequel viennent se greffer de nombreux récits annexes. Durant les sept mois que dure la narration, les personnages entrent et sortent au gré d'un agencement fondé sur la pérégrination. L'anecdote sentimentale sert de simple fil conducteur à une série d'épisodes racontant la vie des llaneros, la misère des Indiens, l'exploitation des caucheros, la barbarie des trafiquants...

Bien que le livre consacre en réalité autant d'espace aux llanos qu'à la forêt, celle-ci, présente dès le début dans la mythologie populaire, est l'élément qui fait la célébrité du livre. C'est un personnage satanique, qui envoûte et détruit l'homme, en le plongeant dans une désorientation à la fois spatiale et métaphorique.

La Vorágine est un exemple représentatif du courant tellurique latino-américain qui va de Cuentos de la selva d'Horacio Quiroga (1918) à Canaima de Rómulo Gallegos (1935), véritables épopées poétiques qui opposent une poignée d'individus à l'immensité des fleuves, des grandes plaines, des forêts tropicales. L'affrontement est inégal ; il échappe rarement au tragique. Mais on note que le tellurisme se dissoudra rapidement au cours des années 1930, pour faire place à des œuvres d'engagement social plus marqué ou à des romans de cadre citadin.

— Ève-Marie FELL

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Pour citer cet article

Ève-Marie FELL. RIVERA JOSÉ EUSTASIO (1888-1928) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AMÉRIQUE LATINE - Littérature hispano-américaine

    • Écrit par Albert BENSOUSSAN, Michel BERVEILLER, François DELPRAT, Jean-Marie SAINT-LU
    • 16 898 mots
    • 7 médias
    On hésite à classer sous la même rubrique La vorágine (Le Tourbillon), publié par le Colombien José Eustasio Rivera (1888-1928) en 1924, tant le motif indigéniste – en l'espèce, le sort des peones employés par les grandes sociétés pour la collecte du caoutchouc – apparaît ici dominé...

Voir aussi