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QUIROGA HORACIO (1878-1937)

Écrivain uruguayen, Horacio Quiroga inaugure le réalisme magique dans la littérature latino-américaine. Il naquit à Salto, le 31 décembre 1878. Adolescent, il admire Gutiérrez Nájera, Bécquer, et connaît Leopoldo Lugones qui sera son idole. Il commence sa carrière littéraire, à Montevideo, avec un recueil poétique, Los Arrecifes de coral, 1901 (Les Récifs de corail) et fait partie d'un groupe d'écrivains, el Consistorio del Gay Saber, qui rivalise avec le cénacle réuni autour de Julio Herrera y Reissig. En 1902, Quiroga tue accidentellement un de ses amis. Il s'enfuit à Buenos Aires. Lugones l'emmène à Misiones, dans le nord-est de l'Argentine ; cette région sauvage le fascine. Outre ses collaborations régulières à Caras y caretas, il publie trois livres : El Crimen del otro, 1904 (Le Crime de l'autre) ; Los Perseguidos, 1908 (Les Poursuivis) ; Historia de un amor turbio, 1908 (Histoire d'un amour trouble). En 1915, son épouse, dont il a eu deux fils, se suicide au cyanure. Pasado amor contient le récit de cette agonie qui dura huit jours. De retour à Buenos Aires, Quiroga se consacre activement à la littérature. Cuentos de amor, de locura y de muerte, 1916 (Contes d'amour, de folie et de mort), obtient un grand succès. Les livres se succèdent : Cuentos de la selva para niños, 1919 (Contes de la forêt pour enfants) ; El Salvaje, 1919 (Le Sauvage) ; Anaconda, 1921 ; El Desierto, 1924. En 1921 il a fait jouer Las Sacrificadas, adaptation scénique de Una estación de amor. Il publie encore La Gallina degollada y otros cuentos, 1925 (La Poule égorgée et autres contes), et Los Desterrados, 1926 (Les Exilés). En 1935 paraît Más Allá (Au-delà). Atteint d'un cancer, Quiroga se suicide à Buenos Aires, le 18 février 1937.

Son œuvre s'inscrit dans la double filiation de la littérature de l'Uruguay : d'une part, celle du modernisme-ariélisme d'Enrique Rodó (1871-1917), de Julio Herrera y Reissig (1875-1910) et de Carlos Reyles (1870-1939) ; et, d'autre part, celle du « tellurisme » américain, illustré notamment par Javier de Viana (1872-1925), Eduardo Acevedo Díaz (1851-1924) et C. Reyles. L'homme aux prises avec les puissances naturelles ou les démons de la passion : tel est le thème essentiel des histoires de Quiroga, qui contribue à donner à ses nouvelles leur allure catastrophique et leur ton envoûtant. La structure de l'intrigue, très rigoureuse, la sobriété ironique et tragique du style, l'acuité exceptionnelle de l'observation et de la perception, l'impassibilité presque indifférente des tonalités, tout contribue à accentuer l'implacable et fascinante suggestion de ces narrations où l'amour et la mort sont les acteurs invisibles et tout-puissants.

Les récits de la première époque témoignent de l'influence d'Edgar Poe et de Baudelaire du point de vue des thèmes et de celle de Rubén Darío du point de vue formel. Quant aux Contes d'amour, de folie et de mort, aux Contes de la forêt et à l'admirable récit intitulé Anaconda, ils sont des œuvres de plénitude. Dostoïevski inspire les thèmes du vertige métaphysique et de l'incommunication, des conflits entre l'individu et la société. Pour l'exaltation de la nature sauvage, l'habileté du récit et la célébration de l'héroïsme opposé aux forces de destruction, Kipling a servi de modèle. Horacio Quiroga — surnommé « le Kipling américain » — est maître d'un style qui mêle étroitement le fantastique et le réalisme le plus banal. Los Desterrados (1926) marque le triomphal final de cette époque. Dans les nouvelles ayant pour cadre la forêt de Misiones, l'auteur met en scène les habitants, les animaux, les éléments naturels dans une perspective telle que l'on distingue mal les êtres doués de raison de ceux qui appartiennent aux[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

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Pour citer cet article

Bernard SESÉ. QUIROGA HORACIO (1878-1937) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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