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JOHN FISHER saint (1469-1535)

Humaniste et prélat anglais célèbre par la résistance qu'il opposa, au nom de sa fidélité au pape et à l'Église catholique, à Henri VIII d'Angleterre en refusant de reconnaître la suprématie royale et l'abolition de la juridiction pontificale sur l'Église d'Angleterre.

Ordonné prêtre en 1491, John Fisher se distingua comme érudit, comme prédicateur et comme administrateur. Devenu, en 1497, le confesseur de lady Margaret Beaufort, mère du roi Henri VII d'Angleterre, il la persuada de créer une chaire de théologie (1503) aux universités d'Oxford et de Cambridge et de fonder le Christ's College à Cambridge. Après la mort de Margaret en 1509, Fisher poursuivit son œuvre à Saint John's College, dont il acheva l'organisation en 1511. En 1504, il avait été nommé chancelier de Cambridge et évêque de Rochester (Kent). Fisher encouragea les études hébraïques et, en 1511, persuada son ami Érasme de venir enseigner à Cambridge.

En 1520 commence son œuvre de polémiste. Ses écrits en latin contre le luthéranisme et contre les doctrines voisines tenues pour hérétiques par l'Église catholique romaine lui valent une réputation de théologien dans l'Europe entière ; avec fougue il prêche dans ce sens à Saint Paul's Cross, en 1520 et 1526. À la Chambre des lords, il s'oppose violemment à toute ingérence de l'État dans les affaires de l'Église, insistant pour que celle-ci se réforme elle-même. Lorsque, en 1525, la validité du mariage entre Henri VIII et Catherine d'Aragón fut pour la première fois ouvertement mise en question, Henri et le cardinal Wolsey consultèrent Fisher ; la colère du roi se déchaîna contre celui-ci lorsqu'il soutint Catherine, en 1529, et lorsqu'il publia ensuite sa défense, ainsi que le prêche qu'il avait fait à Londres en faveur de la reine. En 1531, Fisher s'opposa violemment à ce que fût reconnu au roi le titre de « chef suprême de l'Église et du clergé d'Angleterre », se déclarant ainsi hostile à l'Acte de suprématie de 1534. Le mariage d'Henri VIII avec Anne Boleyn fut déclaré valide en 1533 et la visionnaire Élisabeth Barton (la « nonne du Kent ») fit, à la suite de cela, des prophéties subversives qui créèrent une agitation populaire à propos de la politique matrimoniale d'Henri. Fisher, en tant que fidèle d'Élisabeth, fut alors attaqué par le roi et condamné, le 17 mars 1534, pour n'avoir pas rapporté ces prophéties et pour avoir dissimulé la trahison ; on lui infligea une amende de 300 livres en lieu et place d'un emprisonnement. Thomas More, ami et collègue de Fisher, était, lui aussi, tombé en disgrâce. En mars 1534, l'Acte de succession déclara nul le mariage d'Henri et de Catherine et valide son union avec Anne. Le 13 avril suivant, Fisher et More refusèrent conjointement de prêter le serment que réclamait l'Acte, alléguant que, tout en étant disposés à admettre que la succession était du ressort du Parlement, ils ne pouvaient accepter le reste de l'Acte, et en particulier le rejet de l'autorité pontificale qu'il comportait. Ils furent emprisonnés à la Tour de Londres ; Fisher était alors déjà sérieusement malade.

Lorsque, à la fin de l'année, l'Acte de suprématie et l'Acte de trahison furent enregistrés, le fait de refuser les titres royaux fut regardé comme une trahison. Le 20 mai 1535, le pape Paul III créa Fisher cardinal, ce qui déchaîna la fureur du roi. Appelé à comparaître plusieurs fois devant des conseillers, Fisher refusa de se prononcer sur la suprématie. Au cours d'un entretien qu'on lui avait présenté comme confidentiel, il fut abusé, dit-on, par le conseiller juridique de la couronne, sir Richard Rich, qui réussit à lui faire avouer que le roi n'était et ne pouvait être le chef suprême de l'Église[...]

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Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis. JOHN FISHER saint (1469-1535) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • RÉFORME

    • Écrit par Bernard VOGLER
    • 8 482 mots
    • 3 médias
    ...le roi devenait le « chef suprême sur terre » de celle-ci, et il put faire élire par les chapitres les évêques de son choix. L'application de ces mesures ne rencontra que peu d'opposition ; deux érasmiens, l'ancien chancelierThomas More etl'évêque Fisher, qui s'y opposèrent, furent décapités.
  • ROYAUME-UNI - Histoire

    • Écrit par Universalis, Bertrand LEMONNIER, Roland MARX
    • 43 835 mots
    • 66 médias
    ...Angleterre, ce qui aboutit en juillet à l'excommunication de Henri, et, en 1534, l' Acte de suprématie fait du souverain le chef de l'Église. Peu osent résister, à la notable exception de l'ancien chancelier Thomas More et de l'évêque John Fisher, exécutés en 1535 et ultérieurement béatifiés par Rome.

Voir aussi