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COTTON JOHN (1584-1652)

Le pasteur puritain qui allait devenir la plus grande figure de « la Plantation du Seigneur » en Nouvelle-Angleterre est né en 1584. Le mouvement qui milite pour que l'Église d'Angleterre extirpe d'elle-même les « reliques du papisme » et tout ce qui subsiste dans les églises du royaume de la liturgie romaine traverse une période noire : la reine Élisabeth, afin de réduire à la discipline les prédicateurs d'obédience puritaine qui ne se « conforment » pas aux règles prescrites par l'Acte d'uniformité (1559), vient de nommer comme primat à l'archevêché de Canterbury leur vieil ennemi John Whitgift. La faction puritaine se replie sur ses bastions universitaires, notamment Cambridge, où sous la houlette de William Perkins on voit apparaître une nouvelle école de théologie qui jettera les bases théoriques de la future « expérience » puritaine dans le Nouveau Monde. La réputation de William Perkins est à son apogée lorsque John Cotton, âgé de treize ans, arrive à Trinity College, en 1697. Ce n'est toutefois qu'un peu plus tard qu'il aura l'expérience de « conversion » qui inaugurera sa carrière spirituelle. Il est alors passé à Emmanuel College, forteresse du puritanisme, où il reste neuf ans comme fellow avant d'être ordonné et de devenir, en 1611, vicaire de St. Botolph, à Boston, dans le Lincolnshire. Pendant vingt ans il va réussir à y maintenir une pratique puritaine et à échapper à la répression qui frappe la plupart de ses collègues. En mars 1630, il fait le voyage de Southampton pour prêcher le sermon d'adieu, God's Promise to His Plantation, à la flottille de John Winthrop qui part « planter » une colonie sur le rivage de la baie du Massachusetts.

Depuis 1625, cependant, l'offensive épiscopale que mène William Laud contre les dissidents ne cesse de prendre de l'envergure. Lorsque John Cotton apprend, en 1632, qu'il va être convoqué devant la Haute Cour, il prend le maquis et se cache à Londres. Thomas Hooker, qui revient du continent, le convainc de partir vers l'Amérique : les deux plus grands noms de la prédication puritaine du temps s'embarquent un matin de juin 1633 à bord du Griffin et arrivent à Boston en septembre. Thomas Hooker devient pasteur de Newton (rebaptisé Cambridge après qu'on y eut fondé l'université Harvard en 1636). À John Cotton revient la prestigieuse chaire de l'église de Boston. Il a quarante-sept ans, et l'immense notoriété qu'il s'est acquise dans les milieux puritains du Vieux Monde l'amène à jouer un rôle de premier plan dans la colonie. Il s'inquiète de la dérive de l'église de Salem vers une position « séparatiste », surtout après l'arrivée de Roger Williams : la controverse entre les deux hommes atteint une violence que tempère à peine le respect qu'ils se portent. Sur ces entrefaites, Mrs. Anne Hutchinson, une des ouailles de John Cotton à St. Botolph's, et qui comme beaucoup, l'a suivi dans le Nouveau Monde, est à l'origine d'une tourmente qui secoue la jeune colonie lorsqu'elle se met à accuser les pasteurs de Nouvelle-Angleterre, à l'exception du seul John Cotton, de prêcher qu'on peut acquérir le salut par ses œuvres, alors qu'il ne saurait venir que de la grâce gratuite du Seigneur. Les magistrats de la colonie, conscients du germe de dissidence civile que contient implicitement cette position « antinomienne », traduisent Anne Hutchinson devant leur tribunal et la condamnent à l'exil (1637). John Cotton a la présence d'esprit de se démarquer, avant qu'il ne soit trop tard, de sa turbulente paroissienne : il rentre au bercail orthodoxe. Il s'emploie à définir ce que doit être une « église » conforme aux décrets du Seigneur tels qu'Il les a édictés dans Ses Écritures : le modèle « congrégationaliste » d'organisation ecclésiale propre à la[...]

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Écrit par

  • : professeur de littérature américaine à l'université de Paris IV-Sorbonne et à l'École normale supérieure

Classification

Pour citer cet article

Pierre-Yves PÉTILLON. COTTON JOHN (1584-1652) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - La littérature

    • Écrit par Marc CHÉNETIER, Rachel ERTEL, Yves-Charles GRANDJEAT, Jean-Pierre MARTIN, Pierre-Yves PÉTILLON, Bernard POLI, Claudine RAYNAUD, Jacques ROUBAUD
    • 40 118 mots
    • 25 médias
    ...croyant orthodoxe, John Winthrop l'Aîné (1587-1649) instaure le cadre institutionnel d'une « aristocratie tempérée » que soutient le magistère spirituel de John Cotton (1584-1652), complice puis accusateur des antinomiens de Boston (Anne Hutchinson, William Coddington), bannis en 1637, et créateurs à Aquidneck...

Voir aussi