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JOHANNES HARTMANN (mort en 1368)

Illustrant la tendance élitiste du Libre-Esprit, Johannes Hartmann a apporté, dans son interrogatoire, d'intéressantes précisions sur la doctrine qu'on attribuait aux bégards et qui fut condamnée en 1311 par le concile de Vienne. Selon toute vraisemblance, il périt sur le bûcher à Erfurt, en 1368.

Johannes Hartmann, originaire d'Astmanstett et connu parmi les bégards sous le nom de Spinner (le Tisserand), comparut le 26 décembre 1367 devant l'inquisiteur Walter Kerling. Il fut interrogé selon les articles du Ad nostrum, où étaient compilées les accusations du concile de Vienne. La complaisance de l'accusé à commenter les différents points du décret semble exclure le recours à la torture et l'obligation d'accorder les aveux aux articles.

Pour Hartmann, l'homme qui a atteint son stade de perfection est « le roi et le maître de toutes les créatures. Tout ce qui lui plaît, il peut légitimement le recevoir pour son usage. » Si quelqu'un veut l'en empêcher, il est fondé à le tuer et à le renvoyer ainsi « à son principe originel ». Il peut sans scrupule entreprendre tout ce qui assure son plaisir. À l'égal de Jean de Brünn et des bégards de Cologne, Hartmann voit en Dieu, auquel il s'identifie, un principe situé au-delà du bien et du mal, une détermination naturelle où la loi du plus fort gouverne les relations sociales. Plusieurs siècles avant Sade, il justifie les droits de la volonté de puissance et de l'animalité prédatrice.

Hartmann compte parmi les rares partisans du Libre-Esprit à parler de la femme en termes méprisants (elle existe pour le bon usage de l'homme). Ne concevant le désir que dans la violence de son défoulement, il prête aux passions une aura de destruction absolue : « Plutôt que de renoncer à un acte auquel incite la nature, mieux vaudrait que la terre entière périsse. »

— Raoul VANEIGEM

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Raoul VANEIGEM. JOHANNES HARTMANN (mort en 1368) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LIBRE-ESPRIT MOUVEMENT DU

    • Écrit par Raoul VANEIGEM
    • 3 154 mots
    ...sollicitations impératives. C'est notamment le cas de la confession de Jean de Brünn, un bégard de Cologne qui a choisi de collaborer à la répression de ses anciens compagnons, et de la cédule d'accusation où Johannes Hartmann développe complaisamment les points de doctrine qui lui sont reprochés.