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SAINTENY JEAN (1907-1978)

Né au Vésinet, en 1907, Jean Sainteny entre à la banque de l'Indochine en 1929 et est envoyé aussitôt en Extrême-Orient. Il n'y reste alors que jusqu'en 1931, mais ce séjour suffit à l'attacher durablement à cette région du monde. Il y revient en 1945, comme chef de la mission militaire française en Chine, chargé d'infiltrations secrètes vers l'Indochine du Nord. Premier officier français à revenir à Hanoi, Jean Sainteny est nommé commissaire de la République pour le Tonkin et l'Annam du Nord. À ce poste, jusqu'en mars 1947, il prend la mesure de la volonté d'indépendance des nationalistes vietnamiens et signe avec Hô Chi Minh les accords du 6 mars 1946, qui permettent aux troupes françaises du général Leclerc d'entrer sans combat dans Hanoi, première tentative de décolonisation pacifique. Mais, après la rupture de la conférence de Fontainebleau, le 19 décembre 1946, c'est l'insurrection générale à Hanoi et le début de la guerre d'Indochine.

Une fois conclus les accords de Genève, Jean Sainteny est, de 1954 à 1958, délégué général de France au Vietnam du Nord. Il sait rétablir et maintenir de bons contacts avec les autorités du nouvel État, ce qui lui permet plus tard de servir de truchement dans les négociations américano-vietnamiennes et lors du désenlisement de la conférence de Paris. Après la signature des accords de Paris en 1973, il continue à favoriser l'insertion en France des réfugiés de toutes tendances en présidant le comité d'entraide franco-vietnamien, franco-laotien et franco-cambodgien. Dès 1968, il a aussi créé l'Institut international bouddhique, qui donne lieu à la création d'une pagode au bois de Vincennes.

Mais, pour importante qu'elle soit, l'action de Jean Sainteny dans l'histoire de la décolonisation en Indochine ne constitue pas l'essentiel de ses activités. Après avoir été un résistant courageux, il est en effet un gaulliste indéfectible. De 1940 à 1944, il utilise la couverture d'une société d'assurances qu'il créée pour constituer un réseau de renseignements en Normandie.

Il est l'un des chefs d'Alliance, le grand réseau rattaché à l'Intelligence Service britannique. C'est ainsi qu'il permet de nombreuses évasions et la transmission de précieuses indications pour le succès du débarquement allié en Normandie. En juillet 1944, après sa troisième arrestation, il peut s'évader de la rue des Saussaies et reprendre le combat pour assurer des liaisons avec l'état-major de la IIIe armée américaine en marche vers la région parisienne.

Ses titres de guerre font de ce compagnon de la Libération, de décembre 1962 à janvier 1966, le ministre des Anciens Combattants du gouvernement Pompidou, après qu'il eut siégé un mois à l'Assemblée comme député U.N.R.-U.D.T. de la Seine. À ce poste, il resserre les liens du gouvernement avec le monde combattant et l'associe aux grandes commémorations qui marquent le vingtième anniversaire de la libération de Paris et l'entrée des cendres de Jean Moulin au Panthéon. Que ce soit au Conseil constitutionnel, où il siège de 1968 à 1977, ou à Air France dont il est administrateur de 1967 à 1972, il défendra toujours, avec sagesse et précision, les intérêts permanents de l'Etat.

Auparavant, Jean Sainteny mit ses exceptionnelles qualités au service du tourisme. De 1947 à 1954, il effectue des missions en Afrique, puis, de 1959 à 1963, il été commissaire général au tourisme. Il préside aussi la commission spécialisée dans ce domaine à l'Organisation de coopération et de développement économique européenne.

Préoccupé par les problèmes écologiques, qu'il connaît comme président de la commission nationale de lutte contre la pollution des eaux, il est le président français du World Wildlife[...]

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Écrit par

  • : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)

Classification

Pour citer cet article

Charles-Louis FOULON. SAINTENY JEAN (1907-1978) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • VIETNAM

    • Écrit par Philippe DEVILLERS, Universalis, Pierre-Bernard LAFONT, NGUYÊN TRÂN HUÂN, Michèle PIRAZZOLI-t'SERSTEVENS, Matthieu SALOMON, Stéphanie SOUHAITÉ, Christian TAILLARD
    • 46 746 mots
    • 40 médias
    ...négociations secrètes avec la France. Le 2 mars 1946, il constituait un nouveau gouvernement, cette fois d'« union nationale et de résistance », puis il conclut le 6 mars, avec Jean Sainteny, représentant de la France, un accord capital. Il acceptait que les forces françaises viennent remplacer les Chinois...

Voir aussi