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LE BRIS JEAN-MARIE (1817-1872)

Jean-Marie Le Bris - crédits : Nadar/ Alamy/ Hemis

Jean-Marie Le Bris

Le Français Jean-Marie Le Bris n’était pas seulement un marin : il fut aussi un précurseur de l’aviation, inspiré par le vol plané des grands oiseaux.

De l’observation des oiseaux à la « barque ailée »

Né le 25 mars 1817 à Concarneau (Finistère), Jean-Marie Le Bris respecte la tradition familiale et apprend le rude métier de marin. Après avoir vécu de nombreuses aventures sur toutes les mers du monde, ce capitaine au long cours acquiert une solide formation morale, une force physique exceptionnelle et, surtout, un sens de l’observation très développé.

Au cours de ses voyages, notamment dans les mers du Sud, il s’est tellement passionné pour les grands oiseaux marins que l’envie de voler s’est solidement ancrée en lui. Il va ensuite renoncer aux lointains voyages afin de se consacrer davantage à ses études sur ces oiseaux et leur vol plané. S’il navigue toujours, il se ménage du temps, ce que lui permet le brevet de maître de cabotage obtenu à Lorient, en mai 1843.

Dans un hangar installé au hameau de Tréfeuntec, en Plonévez-Porzay (commune du Finistère), il crée son « oiseau artificiel », d’une envergure de 15 mètres, d’abord désigné sous le nom de « barque ailée » et inspiré de l'albatros. Le nom Albatros lui restera, étant d’ailleurs adopté par la presse pour désigner les différents modèles développés par Jean-Marie Le Bris. Il s’agit d’un planeur grandeur nature, assemblage d'un canot en bois destiné à accueillir le pilote et d'une paire d'ailes étroites et incurvées, longues de 7 mètres et rendues mobiles par un système de cordes et de poulies.

Le 7 décembre 1856 au matin, sur la plage de Tréfeuntec, avec l’aide de deux amis – les préposés des douanes Charles Martin et Guillaume Le Coz –, Le Bris place sa machine face au vent sur une charrette tirée par un cheval afin de lui donner un peu de vitesse. L’engin finit par s’élever sur une centaine de mètres. Quant à Jean-Pierre Doaré, le conducteur de la charrette, il est devenu, malgré lui, l’un des premiers passagers aériens. En effet, à l’instant où l’appareil se libère de la charrette, la corde de traction se tend si rapidement que l’homme, comme pris au lasso, est emporté dans les airs. Le Bris prend conscience du danger et, à l’issue de ce vol plané, se pose en douceur sur le sable. L'appareil de Le Bris étant encore instable, il semble bien que ce passager suspendu ait eu une influence essentielle sur la répartition des poids et sur le bon équilibre de la machine.

Encouragé par ce succès, Jean-Marie Le Bris juge néanmoins prudent de faire enregistrer son « plan de description d’une barque ailée, à l’aide de laquelle on pourra se conduire dans les airs ». Ainsi, le 9 mars 1857, un brevet d'invention d’une durée de quinze ans lui est accordé. Le Brisprocède ensuite à un nouvel essai, cette fois en se laissant tomber du sommet d’une colline, toujours à Tréfeuntec. Mais le planeur se brise et Le Bris se casse une jambe. Démoralisé par cet échec, il entend renoncer, mais le décès de son père, en mai 1865, et celui d’Ernestine, sa seconde épouse, en avril 1866, le poussent à se réfugier dans ses recherches.

À Paris, il rencontre Nadar et des membres de la Société d’encouragement pour l’aviation, qui lui apportent leur soutien, mais seulement moral... Il regagne néanmoins sa Bretagne avec la promesse d’une aide effective de Napoléon III, averti de l’expérience de Tréfeuntec.

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Écrit par

  • : historien de l'aviation, membre de l'Académie de l'air et de l'espace

Classification

Pour citer cet article

Bernard MARCK. LE BRIS JEAN-MARIE (1817-1872) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Jean-Marie Le Bris - crédits : Nadar/ Alamy/ Hemis

Jean-Marie Le Bris

Autres références

  • AVIATION - Histoire de l'aviation

    • Écrit par Universalis, Edmond PETIT, Pierre SPARACO
    • 10 106 mots
    • 34 médias
    C'est en 1856, avec le Français Jean-Marie Le Bris, que les premiers essais de planeur avec passager ont lieu, et c'est encore avec lui, en 1868, que sera prise la première photographie d'un « plus lourd que l'air », en vraie grandeur.

Voir aussi