STEINBERG JEAN-LOUIS (1922-2016)
Astronome français, Jean-Louis Steinberg a été un des pionniers de la radioastronomie en France, branche scientifique qui étudie les ondes radio émises par les corps célestes, et le cofondateur de la station de radioastronomie de Nançay (Cher). Il a également été l’initiateur de la recherche spatiale à l’Observatoire de Paris.
De la Résistance à la radioastronomie
Né le 7 juin 1922 à Paris, Jean-Louis Steinberg mène des études d’ingénieur puis obtient en 1943 un diplôme de docteur-ingénieur. Ses parents, juifs non pratiquants, et les deux aînés de leurs trois fils (dont Jean-Louis) sont dénoncés et arrêtés en juin 1944. Ils sont déportés à Auschwitz-Birkenau, où Jean-Louis est actif dans la résistance à l’intérieur du camp. Il est le seul survivant des quatre lorsque, après un terrible transfert à pied à Buchenwald, les déportés sont libérés par l’armée américaine. Au retour des camps, Jean-Louis Steinberg intègre, en 1946, le laboratoire de physique de l’École normale supérieure dirigé par Yves Rocard, dans le groupe de radioastronomie juste fondé par Jean-François Denisse.
Il construit dans ce laboratoire des récepteurs d’ondes radio pour l’étude du Soleil, et observe plusieurs éclipses de cet astre, notamment au Mali en 1951 et au Sénégal l’année suivante. On remarque pour la première fois que les ondes radio semblent conférer au Soleil un diamètre plus important que celui calculé à partir de l’observation avec des instruments optiques ; en réalité, les ondes radio du Soleil sont émises par la couronne solaire. Puis Jean-Louis Steinberg participe à la création de la station de radioastronomie de l’Observatoire de Paris, fondée à Nançay en 1953. Il y joue un rôle fondamental, notamment pour la construction du grand radiotélescope, inauguré en 1965 par le général de Gaulle et entièrement opérationnel depuis 1967.
Cependant, aux basses fréquences, le rayonnement radio des astres ne parvient pas jusqu’au sol car il est bloqué par la couche ionisée de la haute atmosphère terrestre, l’ionosphère. Il faut aller au-dessus pour l’observer. Ceci devient possible grâce aux fusées développées par la France et à la création en 1961 du Centre national d’études spatiales (CNES). C’est dans ce but que, en 1963, Steinberg et Denisse fondent le service d’astronomie spatiale de l’Observatoire, à Meudon. Deux fusées françaises Rubis, équipées de récepteurs radio et de longues antennes déployables, sont lancées en 1965 et 1967, et détectent pour la première fois l’émission radio de la Voie lactée aux fréquences voisines de 2 mégahertz.
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Écrit par
- Michel COMBES : astronome de l'Observatoire de Paris
- James LEQUEUX : astronome émérite à l'Observatoire de Paris
Classification
Média
Autres références
-
ASTRONOMY & ASTROPHYSICS, revue
- Écrit par James LEQUEUX
- 572 mots
- 1 média
En janvier 1969, la revue scientifique européenne Astronomy and Astrophysics (A&A) voit le jour avec la publication de son premier numéro sous l’impulsion des astronomes français Jean-Louis Steinberg (1922-2016), et néerlandais Stuart Pottasch (1932-2018) et Jan Hendrik Oort (1900-1992). Ceux-là...