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NINI JEAN-BAPTISTE (1717-1786)

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Nini et l'art du portrait en médaillon

À partir de 1762, Nini se spécialise dans la réalisation de portraits en médaillon qui représentent les personnages importants de son époque ou ses intimes. Si Charles Nicolas Cochin fils crée au milieu du xviiie siècle une nouvelle formule de portraits gravés en profil dans un médaillon circulaire, Jean-Baptiste Nini a le mérite d'imposer une formule similaire avec le petit médaillon sculpté en terre cuite. Le modèle qu'il met au point rend ses médaillons très facilement reconnaissables : figure de profil très minutieusement dessinée, de dimension invariable, soit de grand module (de 15 à 16 cm) soit de petit module (de 10 à 11 cm). Il privilégie le costume contemporain à la représentation à l'antique qui s'arrête sous le cou et explore très minutieusement le rendu des costumes et des coiffures. On a pu reconnaître dans certains portraits de Nini plusieurs sources iconographiques, connues par la diffusion en série : les portraits du comte de Caylus, du prince de Beauvau, de Moreau le Jeune et du marquis d'Argenson sont directement issus d'estampes de Charles Nicolas Cochin, le médaillon de Catherine II et celui de Mademoiselle Clairon sont des répliques de médailles commémoratives en bronze.

La galerie sculptée par Nini, disparate, est loin de l'encyclopédisme d'un David d'Angers, le grand spécialiste du médaillon sculpté au xixe siècle. Sur soixante modèles recensés à ce jour, on voit défiler les célébrités de la seconde moitié du xviiie siècle comme Voltaire, Franklin, Catherine II, l'impératrice Marie-Thérèse, Louis XV, Louis XVI ou Marie-Antoinette. C'est également la société fréquentée par Nini : Jacques-Donatien Le Ray de Chaumont et son épouse Thérèse Jogues, Orien Marais, régisseur de Chaumont et sa première femme, Marie-Catherine Jacquet, Michel Foucault, ami puis gendre de Le Ray, Pierre Berthevin, céramiste du roi de Suède et du Danemark. Le cercle de Nini compte plusieurs ecclésiastiques : Jean Antoine de Castellas, chantre-comte de Lyon, monseigneur de Jarente, évêque d'Orléans. Nini réalise deux de ses plus beaux portraits féminins avec le médaillon d'une des parentes de l'évêque, Suzanne Jarente de La Reynière, mère du gastronome et amie du peintre Élisabeth Vigée Le Brun, ainsi qu'avec celui de la baronne de Nivenheim. Nini explore également la physionomie de ses « collègues » en quelque sorte : les graveurs Hugues Joseph Gamot, graveur du roi, Jean-Baptiste Joseph de La Fosse et le très célèbre Jean-Michel Moreau dit Moreau le Jeune.

Le modèle le plus souvent représenté par Nini est Benjamin Franklin, en raison des relations d'amitié très étroites qui le liaient à Le Ray de Chaumont. Ce dernier était financièrement très impliqué dans le soutien aux insurgés américains et, lors de sa venue en France de 1776 à 1785, Franklin séjourna à Passy chez son bienfaiteur. Il revint donc à Nini de faire le portrait du grand homme. On compte jusqu'à six modèles de médaillons de Franklin : en toque de fourrure – d'après un dessin de Thomas Walpole –, en bonnet de la Liberté, avec ou sans bésicles ou les cheveux libres. Certains portent la célèbre inscription : « Il dirige la foudre et brave les tyrans. »

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Marie-Cécile FOREST et Barbara SIBILLE-PUCCINI. NINI JEAN-BAPTISTE (1717-1786) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009