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CHASE JAMES HADLEY (1906-1985)

Né à Londres le 24 décembre 1906, René Brabazon Raymond est le fils d'un colonel de l'armée des Indes qui destine son fils à une carrière scientifique. D'abord élève de la Rochester King's School, le futur Chase prépare un diplôme de bactériologie, puis va étudier à Calcutta les effets de la rage. Après avoir servi dans la R.A.F. comme chef d'escadron, il devient courtier en librairie. En 1933, il épouse Sylvia Ray, qui lui donne un fils. Ayant épuisé les joies du porte-à-porte, René Raymond écrit en six week-ends son premier roman, Pas d'orchidée pour miss Blandish, dans lequel il parodie habilement Sanctuaire de Faulkner. Publié à Londres en 1939, le livre obtient un succès foudroyant : jamais encore on n'avait amoncelé autant de cruauté et de turpitudes en si peu de pages ! René Raymond adopte le pseudonyme de James Hadley Chase. Il utilisera très vite d'autres noms de plume, cela pour une raison pratique : l'Angleterre est en guerre, le papier rationné, et chaque nouvelle identité signifie une attribution de papier supplémentaire. Une centaine de romans noirs devaient suivre, avec une régularité métronomique.

En virtuose, Chase exécute systématiquement des variations sur un thème unique : la déchéance. Quel que soit le héros de ses livres — journaliste ambitieux, détective intègre, individu quelconque cherchant à acquérir un statut social —, il rencontrera immanquablement une femme, ou plutôt la femme. Véritable mante religieuse, perverse, cupide et destructrice, celle-ci le conduira à sa perte après avoir fait de lui un criminel. En raison de la structure et du rythme cinématographiques du récit, le lecteur, matraqué par l'action violente, les personnages sordides, les hécatombes sanglantes, ne peut que s'identifier, le temps du roman, au « héros » manipulé et poussé inéluctablement à la mort brutale. Cela dans la première manière de Chase, qui, à partir de 1970, modifie sa formule avec le cycle beaucoup plus apaisé de Paradise City. Comme s'il s'était lassé d'engendrer des monstres... Son œuvre abondante comporte, certes, des temps morts, mais aussi quelques chefs-d'œuvre : Traquenards, Eva, Miss Shumway jette un sort, Douze Chinetoques et une souris. Plus de trente titres donnèrent lieu à des adaptations cinématographiques, généralement édulcorées. Mais le lecteur n'oubliera jamais l'essentiel, cette sarabande monstrueuse de tueurs sadiques, de femmes lascivement criminelles, de fous sanguinaires, de tortionnaires souriants, véritable cour des miracles qui peuple La Chair de l'orchidée, Garces de femmes ou La Petite Vertu...

— Michel LEBRUN

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Pour citer cet article

Michel LEBRUN. CHASE JAMES HADLEY (1906-1985) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • POLICIER ROMAN

    • Écrit par Claude MESPLÈDE, Jean TULARD
    • 16 394 mots
    • 14 médias
    ...lettres de noblesse au roman hard-boiled, mais il faut aussi des intermédiaires (ceux-là sont britanniques) sachant toucher un public populaire comme James Hadley Chase (1906-1985) avec Pas d'orchidées pour miss Blandish (1939) et avant lui Peter Cheyney (1896-1951), qui imagine l'agent du F.B.I....
  • SÉRIE NOIRE

    • Écrit par Jean-Paul MOURLON
    • 643 mots
    • 2 médias

    Célèbre collection policière lancée en 1945 par la maison d'édition Gallimard et créée par Marcel Duhamel. Sous ce nom générique (dû à Jacques Prévert) ont été publiés plus de deux mille titres, qu'on peut rattacher au thriller, mais qui se répartissent selon un éventail...

Voir aussi