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CALLAGHAN JAMES (1912-2005)

James Leonard Callaghan a été Premier ministre travailliste du Royaume-Uni d'avril 1976 à mai 1979. Sa défaite électorale provoqua l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher.

Né le 27 mars 1912 à Portsmouth, dans une famille modeste, orphelin de père, il reçoit de sa mère, baptiste convaincue, une éducation stricte. Quittant l'école assez jeune, il entre, à dix-sept ans, dans l'administration fiscale et adhère au Syndicat des impôts et, par voie de conséquence, au Parti travailliste, poursuivant sa formation en autodidacte. Il est le seul Premier ministre depuis 1945, avec John Major, à ne pas être allé à l'université.

Élu député à Cardiff, porté par la vague travailliste de juillet 1945, il y sera réélu à dix reprises. Pendant la longue période d'opposition (octobre 1951-octobre 1964), son ascension est rapide et, lorsque les travaillistes reviennent au pouvoir, il est nommé par Harold Wilson chancelier de l'Échiquier. Malgré une sérieuse préparation à ce poste, il multiplie, en vain, les plans d'austérité. La dévaluation de la livre, en novembre 1967, constitue donc pour lui une défaite cuisante, qu'il reconnaît en démissionnant. Mais Wilson le persuade de demeurer au gouvernement, en tant que Home Secretary. Là, confronté au conflit naissant en Irlande du Nord, il contribue à le stabiliser en envoyant l'armée britannique comme force d'interposition et, face à des pressions accrues en matière d'immigration, il tente de mener une politique équilibrée. Après les élections générales de 1974, qui voient le retour de Wilson, il est nommé Foreign Secretary, chargé au premier chef de la « renégociation » du traité d'adhésion à la C.E.E. (entré en vigueur le 1er janvier 1973), dont le succès était indispensable pour faire accepter par un parti très réticent le principe même de l'adhésion. Le référendum du 5 juin 1975 (67 p. 100 de oui au maintien de l'adhésion) est un triomphe pour les deux hommes. Aussi, lorsque Wilson décide brusquement, à soixante ans, de se retirer, Callaghan lui succède tout naturellement, à la fois comme leader du Parti et comme Premier ministre, bien qu'il soit de quatre ans son aîné.

Il hérite d'une situation difficile. Le pays apparaît alors comme l'homme malade de l'Europe, avec, selon la presse, une « inflation latino-américaine » ; la balance des paiements et le budget sont en déficit. En septembre 1976, une nouvelle spéculation sur la livre amène le gouvernement à demander un prêt au Fonds monétaire international. Ce prêt (de 2,3 milliards de livres), assorti de conditions drastiques, entraîne des coupes budgétaires inconnues jusqu'alors. De plus, en raison d'élections partielles désastreuses, le Premier ministre perd, au printemps de 1977, la courte majorité dont il disposait à la Chambre des communes ; d'où le pacte « lib-lab », la quinzaine de députés libéraux acceptant de soutenir le gouvernement, en échange du vote d'une législation en faveur de la « dévolution » pour l'Écosse et le pays de Galles.

À l'automne de 1978, les pressions en faveur d'élections s'accentuent mais Callaghan résiste. Les syndicats avaient accepté, en 1975, une modération des salaires qui, au fil des années, était devenue de plus en plus stricte. En repoussant les élections générales au printemps de 1979, Callaghan espère que, pour faciliter la réélection d'un gouvernement travailliste, la base syndicale se résignera à une année supplémentaire d'austérité salariale. Il n'en est rien ; les grèves très dures de l'hiver 1978-1979 – l'« hiver du mécontentement » –, auxquelles s'ajoute l'échec des référendums sur la dévolution le 1er mars, achèvent de déstabiliser le gouvernement. Le 28 mars, il perd, à une[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche honoraire au C.N.R.S., chercheur associé au Centre d'études et de recherches internationales

Classification

Pour citer cet article

Jacques LERUEZ. CALLAGHAN JAMES (1912-2005) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • IRLANDE DU NORD ou ULSTER

    • Écrit par Pierre JOANNON
    • 9 440 mots
    • 5 médias
    ...l'année 1978 ne diffère guère des précédentes, si ce n'est par les gages donnés aux unionistes en contrepartie de leur soutien au cabinet chancelant de James Callaghan. Mais la décision opportuniste du gouvernement britannique de leur octroyer cinq sièges supplémentaires à Westminster ne suffira pas à...
  • ROYAUME-UNI - Histoire

    • Écrit par Universalis, Bertrand LEMONNIER, Roland MARX
    • 43 835 mots
    • 66 médias
    ...mais qui, en réalité, aidera surtout le gouvernement Thatcher dans la période suivante. Un « contrat social », négocié avec les syndicats par le cabinet Callaghan, successeur du cabinet Wilson, aide à juguler l'inflation. Mais le chômage progresse de 3,5 % de la population vers 1973 jusqu’à 6 ou 7 % en...

Voir aussi