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MOREL JACQUES (1395 env.-1459)

L'œuvre du sculpteur Jacques Morel, oncle d'Antoine Le Moiturier, a souffert de nombreuses destructions. Sa vie est pourtant bien connue et elle peut être retracée avec une certaine précision. Il naquit à Lyon dans le dernier quart du xive siècle (son père, Pierre Morel, était sculpteur). En 1418, on le trouve à la cathédrale Saint-Jean où il exécute le tombeau du cardinal de Saluces (détruit). Il quitte Lyon en 1425 et séjourne avant 1429 à Toulouse. En 1429, il est à Avignon où il taille un certain nombre d'œuvres dont un grand retable pour le maître-autel de la cathédrale. Il passe vraisemblablement à Béziers avant de se trouver en 1433 à Montpellier où il est emprisonné pour non-exécution d'un contrat de commande. Il serait ensuite allé à Rodez où l'on croit pouvoir lui attribuer le Jardin des oliviers de la cathédrale. De 1441 à 1445, il est de nouveau à Avignon. En juin 1448, il est à Lyon où il signe le contrat des tombeaux de Souvigny près de Moulins : il devait séjourner sur place pour exécuter cette œuvre jusqu'en 1453. À l'invitation du roi René, il se rend à Angers en 1456 pour terminer le tombeau du roi (détruit). Il meurt dans cette ville. De cette activité, qui paraît avoir été assez exceptionnelle, il ne subsiste plus pour juger de son œuvre que le tombeau de Charles Ier de Bourbon et d'Agnès de Bourgogne, toujours en place dans l'église de Souvigny, mais mutilé. C'est en effet la seule œuvre que nous puissions lui attribuer avec certitude. Son analyse pose le problème des rapports de l'art bourguignon et de l'art méridional. Morel apporte à la tension de l'art slutérien une note de douceur que La Huerta annonçait déjà ; elle est caractérisée par la délicatesse du traitement des visages, les draperies chiffonnées, mais ne nuit pas à la monumentalité de l'ensemble. Le sculpteur a poli l'albâtre de Salins avec un métier consommé qui permet des jeux d'ombres extrêmement délicats. La même sérénité se retrouve dans le gisant d'Agnès Sorel, morte en 1450, qu'on lui attribue avec une certaine probabilité (château de Loches). On y retrouve la même délicatesse dans le traitement de l'ombre et la même sensibilité dans le rendu du corps et du visage de la maîtresse royale. Il n'est pas impossible que Morel ait connu certaines œuvres florentines, ce qui permettrait de rendre compte de la rupture que son art manifeste avec le style bourguignon.

— Alain ERLANDE-BRANDENBURG

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Alain ERLANDE-BRANDENBURG. MOREL JACQUES (1395 env.-1459) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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