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DONIOL-VALCROZE JACQUES (1920-1989)

Né à Paris le 15 mars 1920, Jacques Doniol-Valcroze y poursuit ses études avant d'être mobilisé en 1939. C'est hors de France qu'il découvre Citizen Kane d'Orson Welles et Alexandre Nevski d'Eisenstein. En 1945, de retour à Paris, il décide de devenir cinéaste. Le critique Jean Georges Auriol en fait son adjoint, de 1946 à 1948, à La Revue du cinéma. Lorsque cette publication s'arrête, Doniol-Valcroze s'occupe du ciné-club : ce sera Objectif 49, avec Jean Cocteau, Alexandre Astruc, André Bazin et Pierre Kast. Ce groupe organise également le festival du film maudit de Biarritz, où Antonioni est découvert. En 1951, Jacques Doniol-Valcroze fonde Les Cahiers du cinéma, dont il partage la rédaction en chef avec Lo Duca. Cette revue va devenir le berceau de jeunes critiques – Rohmer, Truffaut, Godard –, futurs cinéastes de la Nouvelle Vague. Il a également publié un roman (Les Portes du baptistère), commencé une carrière d'acteur (Le Coup du Berger de Jacques Rivette, 1956) et réalisé plusieurs courts-métrages (Bonjour Monsieur La Bruyère, 1956, L'Œil du maître, 1957 et Les Surmenés, ibid.). La Nouvelle Vague va lui permettre de poursuivre une double carrière d'acteur (L'Immortelle d'Alain Robbe-Grillet, 1963, tous les films de Pierre Kast) et de réalisateur : L'Eau à la bouche (1959), Le Cœur battant (1960), La Dénonciation (1962), Le Viol (1967), La Maison des Bories (1970), L'Homme au cerveau greffé (1972) et Une femme fatale (1977). Ces films, en apparence légers, se révèlent être des réflexions de libertin moraliste, imprégnées d'une gravité et d'une lucidité profondes. Comme son ami Pierre Kast, Jacques Doniol-Valcroze décrit les déraisons d'une époque en transposant dans le cinéma un univers littéraire. Il en résulte des œuvres d'une grande élégance et d'une folle intelligence : jeux de couples, réflexions sur la lâcheté et la torture, analyse du mécanisme de la jalousie ; chacun de ces films diffuse un trouble qui rejette toute idée de manichéisme.

À partir de 1968, Doniol-Valcroze lutte sur d'autres fronts. Il soutient Henri Langlois au moment de l'affaire de la Cinémathèque, coorganise les états généraux du cinéma français (mai juin 1968), participe à la fondation de la S.R.F. (Société des réalisateurs de films) et du contre-festival de Cannes (La Quinzaine des réalisateurs).

Chaque fois que Les Cahiers du cinémaconnurent un problème (conflit avec Daniel Filipacchi, politisation à outrance, crise économique ou changement de ligne brutale), Doniol-Valcroze sut jouer les médiateurs et protéger les intérêts de la revue. Ses qualités de négociateur et son honnêteté en firent un homme indispensable. Discret et peu enclin à l'autopromotion, il a toujours su défendre avec le plus grand doigté la création et les auteurs.

Quand il cesse de travailler pour le cinéma (1979), Jacques Doniol-Valcroze écrit et tourne des feuilletons télévisés : Le Tourbillon des jours, Les Fiancés de l'empire et Nich, chasseur de têtes. Il y montre un réel talent de conteur populaire et un sens du rythme rare dans les productions réservées au petit écran.

— Noël SIMSOLO

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Pour citer cet article

Noël SIMSOLO. DONIOL-VALCROZE JACQUES (1920-1989) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CAHIERS DU CINÉMA

    • Écrit par Jean-Louis COMOLLI
    • 1 152 mots
    • 1 média

    La plus ancienne et la plus connue des revues de cinéma paraissant en France. Son ancienneté même et la diversité des tendances critiques qui s'y sont succédé rendent difficile toute description (et a fortiori tout jugement) synthétique. La caractéristique la plus constante de la revue est peut-être...

Voir aussi