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ZUMA JACOB (1942- )

Militant et homme politique sud-africain, président de la République de 2009 à 2018.

Figure controversée de la nouvelle Afrique du Sud, fils du peuple, autodidacte, polygame et père de dix-huit enfants, militant de longue date de la lutte anti-apartheid et représentant de l'aile gauche du Congrès national africain (ANC), Jacob Zuma reste un personnage inclassable de la politique sud-africaine.

Jacob Gedleyihlekisa Zuma naît le 12 avril 1942 à Nkandla (auj. au KwaZulu-Natal), au cœur du pays zoulou. Orphelin de père dès quatre ans, il devient berger puis occupe de petits emplois dans la ville de Durban. Sans éducation scolaire formelle, il parvient toutefois à acquérir un premier niveau d'instruction, notamment en lecture, au contact de camarades qui fréquentent l'école.

Attiré vers la politique par son frère aîné, Zuma devient membre de l'ANC dès 1958 – ou 1959 selon les sources –, puis du syndicat South African Congress of Trade Unions (ancêtre du COSATU, Congress of South African Trade Unions) en 1959 au sein duquel il reçoit une formation de type marxiste ; il adhère ensuite à la branche armée de l'ANC, Umkhonto we Sizwe (1962) et au Parti communiste (1963). Alors qu'il tente de se rendre à l'étranger pour suivre un entraînement militaire, il est arrêté en juin 1963 puis jugé et condamné à dix ans de prison pour « conspiration visant à renverser le gouvernement ».

Sur l'île de Robben Island située au large du Cap, Zuma partage une cellule avec quelque cinquante autres détenus politiques. Il joue un rôle important dans l'organisation de groupes de réflexion politique qui firent de la prison une véritable université révolutionnaire sous l'autorité, notamment, de Nelson Mandela.

Libéré en décembre 1973, Zuma réorganise aussitôt au Natal les structures secrètes de l'ANC – le parti ayant été déclaré hors-la-loi en 1960. À nouveau menacé par les autorités, il se réfugie au Swaziland (auj. Eswatini) en 1975, au côté de Thabo Mbeki, puis au Mozambique où il joue un rôle déterminant pour enrôler les jeunes Sud-Africains fuyant la répression consécutive aux émeutes de Soweto (1976). Tout au long de ces années d'exil, sa carrière se poursuit au sein de l'ANC dont il devient un cadre dirigeant dès 1977 et proche conseiller de son président, Oliver Tambo, au siège de l'organisation en exil à Lusaka (Zambie), où il s'est installé en 1987.

Désigné avec Thabo Mbeki comme un des représentants de l'ANC lors des premières réunions secrètes avec les émissaires du régime d'apartheid au Royaume-Uni et en Suisse, Zuma est aussi l'un des premiers à revenir d'exil, le 21 mars 1990, peu après la libération de Nelson Mandela (11 février).

Vice-secrétaire général de l'ANC depuis 1991, Zuma joue un rôle important dans les négociations qui aboutirent aux élections démocratiques d'avril 1994. Mais c'est surtout au KwaZulu-Natal, alors en proie à une guerre civile opposant les militants du parti nationaliste zoulou Inkatha Freedom Party (IFP) à ceux de l'ANC, que ses talents de négociateur et d'homme de paix se sont révélés. Tout en rétablissant le dialogue avec l'IFP et son chef Mangosuthu Buthelezi, Zuma parvient à récupérer le thème ethnique de son adversaire en jouant de sa propre identité zouloue.

Devenu vice-président de l'ANC en 1997 puis de la République sud-africaine en 1999, Zuma est présenté comme le probable successeur de Thabo Mbeki alors au pouvoir ; mais il est rattrapé, à partir de 2004, par des scandales. À la suite de la condamnation, en juin 2005, de son conseiller financier Schabir Shaik à quinze ans de prison pour corruption dans le cadre d'un contrat public d'achat d'armes, Jacob Zuma est inculpé à son tour et destitué par Thabo Mbeki, dès le 14 juin 2005, de son poste de vice-président de la[...]

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Écrit par

  • : professeur agrégé, enseignant à Sciences Po Bordeaux, spécialiste de l'Afrique du sud, rattaché au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM)
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Benoît DUPIN et Universalis. ZUMA JACOB (1942- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Démission de Jacob Zuma, 2018 - crédits : Phill Magakoe/ AFP

Démission de Jacob Zuma, 2018

Autres références

  • AFRIQUE DU SUD RÉPUBLIQUE D' ou AFRIQUE DU SUD

    • Écrit par Ivan CROUZEL, Dominique DARBON, Benoît DUPIN, Universalis, Philippe GERVAIS-LAMBONY, Philippe-Joseph SALAZAR, Jean SÉVRY, Ernst VAN HEERDEN
    • 29 784 mots
    • 28 médias
    ...trop favorable aux nantis, aux marchés et aux investisseurs au détriment des salariés, des plus pauvres et des moins éduqués. Son principal adversaire, Jacob Zuma, ancien vice-président du pays que Mbeki avait forcé à démissionner de son poste, obtient une très forte majorité et le contrôle de tous les...
  • ÉCONOMIE MONDIALE - 2017 : expansion, inégalités, fragilités

    • Écrit par Jean-Pierre FAUGÈRE
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    • 6 médias
    Après huit années à la présidence de la République, Jacob Zuma s’apprête à quitter le pouvoir sur fond de clientélisme et de corruption, laissant une situation économique critique : une croissance de moins de 1 p. 100, un taux de chômage de plus de 27 p. 100, au plus haut depuis 2003, et un rand...
  • MBEKI THABO MVUYELWA (1942- )

    • Écrit par Marianne SÉVERIN
    • 1 087 mots
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    Deuxième président de la République sud-africaine postapartheid (de 1999 à 2008), Thabo Mbeki est né le 18 juin 1942 à Idutywa, au Transkei (dans la province actuelle du Cap-Est), au sein de l'ethnie xhosa. Il est le fils de Govan Mbeki, un des leaders de l'African National Congress (ANC)...

Voir aussi