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LONDON JACK (1876-1916)

La mise en œuvre

Jack London ne cessera d'afficher une conception mercantile de son métier et de s'imposer un travail forcé qui produira plus de quarante volumes à la cadence de mille mots par jour. Il n'en est pas moins un maître de l'imaginaire, et peut-être le seul « écrivain du prolétariat » (pour le citer) de la littérature américaine. Son expérience désordonnée revit au fil d'une œuvre inégale, dominée par la double exigence de décrire l'horreur d'une condition dont il veut libérer l'homme et de satisfaire un désir de fuite qui lui commande d'y échapper. Plus que dans ses essais et les articles qu'il donne à la presse socialiste, il impose la force de ses convictions dans The People of the Abyss (Le Peuple des abîmes, 1903), témoignage impitoyable sur les quartiers pauvres de Londres, et surtout dans The Iron Heel (Le Talon de fer, 1908), chef-d'œuvre de la science-fiction politique où, avec une lucidité saisissante, il anticipe la terreur nazie. Mais son capital le plus fructueux reste ses nombreux romans et nouvelles de l'Alaska ou de la mer, comme White Fang (Croc-Blanc, 1906), Love of Life and Other Stories (Amour de la vie, 1907), et The Sea Wolf (Le Loup des mers, 1904), dont plusieurs seront portés à l'écran. À partir de 1910, il tente de reconquérir la faveur d'un public qui lui échappe. Il écrit sans succès pour le théâtre et le cinéma naissant ; ses intérêts du moment pour l'agriculture, puis la psychanalyse, lui inspirent ses derniers romans, tous voués à l'échec, sauf John Barleycorn (Le Cabaret de la dernière chance, 1913), confession pathétique de sa lutte contre l'alcool. Ironiquement, c'est à son amour pour les animaux qu'il devra, après sa mort, l'ultime gloire de lancer une croisade contre le dressage des chiens savants lors de la publication de Michael, Brother of Jerry (Michael, chien de cirque) en 1917.

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Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Simone CHAMBON. LONDON JACK (1876-1916) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MARTIN EDEN, Jack London - Fiche de lecture

    • Écrit par Michel FABRE
    • 838 mots

    Dans ce roman tardif (1909), d'abord ironiquement intitulé Succès, l'écrivain américain Jack London (1876-1916) a pris pour héros un matelot fruste et autodidacte, qui, comme lui, devient écrivain et se trouve attiré par le socialisme.

  • CORTO MALTESE. SOUS LE SOLEIL DE MINUIT (J.D. Canales et R. Pellejero)

    • Écrit par Dominique PETITFAUX
    • 1 039 mots

    Dans le domaine de la bande dessinée francophone, l’année 2015 restera celle de la « normalisation » de Corto Maltese, le marin inventé en 1967 par Hugo Pratt. Comme tous les autres grands héros de papier – seul Tintin résiste encore –, la mort de son créateur ne l’empêche plus de vivre...

  • MARTIN EDEN (P. Marcello)

    • Écrit par René MARX
    • 1 102 mots
    • 1 média
    ...France où il a été également bien accueilli, après une sélection officielle au festival de Venise. Il s’agit donc de l’adaptation du roman éponyme de Jack London (1909), que beaucoup de lecteurs placent au premier rang de leur panthéon littéraire. L’interprète principal, Luca Marinelli, a reçu la coupe...

Voir aussi