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MARTIN EDEN, Jack London Fiche de lecture

Dans ce roman tardif (1909), d'abord ironiquement intitulé Succès, l'écrivain américain Jack London (1876-1916) a pris pour héros un matelot fruste et autodidacte, qui, comme lui, devient écrivain et se trouve attiré par le socialisme.

La faillite d'un idéal

Un soir, Martin Eden sauve la vie d'Arthur Morse, un fils de famille que des voyous attaquaient dans la rue. Il est invité dans le foyer du jeune homme : le père est un homme d'affaires bienveillant mais sans imagination, les frères, des étudiants sans vitalité. Mais la belle Ruth, la sœur d'Arthur, qui fréquente l'université et garde d'abord ses distances, éblouit Martin comme « une pâle fleur de souci sur une tige frêle ». Bien qu'il soit embarrassé parce qu'il parle un anglais incorrect, Martin lui fait la cour avec tant d'élan et conte si bien ses histoires de marin qu'elle se sent attirée par lui. Ruth l'encourage à s'instruire et lui sert d'abord de répétitrice, avant de se trouver dépassée par sa voracité intellectuelle. Il lit Darwin, Huxley, Marx et Hegel, entre autres innombrables auteurs. Bientôt, il perçoit l'hypocrisie des milieux bourgeois. Pourtant, son amour pour Ruth grandit lorsqu'il mesure les limites intellectuelles et humaines de la jeune fille.

Martin vit frugalement en pension chez sa sœur, en butte à la haine de son beau-frère commerçant. Puis il trime dans une blanchisserie et dort cinq heures par nuit, pour devenir écrivain en exprimant une vision de l'existence inspirée par sa lecture du philosophe anglais Herbert Spencer (1820-1903). Il se fiance avec Ruth. Mais quand un magazine après l'autre refuse ses nouvelles, celle-ci ne voit plus en lui qu'un raté, et l'abandonne. Seul Russ Brissenden, un poète socialiste tuberculeux (pour lequel George Sterling servit probablement de modèle), mesure la force et la beauté de ce que Martin écrit. Il meurt avant qu'un essai, qui déchaîne la controverse, n'attire sur Martin l'attention de la presse. Martin s'irrite de la notoriété que lui vaut l'article d'un journaliste qui le décrit comme un socialiste. Pourtant, grâce à ce succès de scandale, les éditeurs s'arrachant ses manuscrits, il devient riche. Martin est las pourtant. Quand un roman lui apporte la gloire, Ruth essaie de renouer avec lui. Mais l'amour de Martin ne résiste pas lorsqu'il s'aperçoit qu'elle n'admire réellement que sa notoriété : « Cette audace, pourquoi ne l'avez-vous pas eue plus tôt, demanda-t-il, quand je n'avais pas d'emploi, quand je crevais de faim, quand j'étais le même qu'en ce moment, le même homme, le même artiste, le même Martin Eden ? » Cette découverte, le suicide de Brissenden, son seul véritable ami, la perte de ses liens avec sa classe d'origine, son mépris des valeurs bourgeoises se combinent pour réduire à néant l'élan qui faisait son charme et sa force. Martin choisit alors de s'embarquer pour les mers du Sud. Au cours de ce voyage, ayant perdu tout goût de vivre, il se suicide en sautant par-dessus bord.

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Michel FABRE. MARTIN EDEN, Jack London - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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