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IMPLICATION, philosophie

Il y a implication, au sens usuel, lorsqu'une chose en contient une autre, de manière non apparente mais réelle, de sorte que la chose contenue, d'abord inaperçue, peut être rendue manifeste.

En philosophie, la définition est plus stricte : un objet de connaissance en implique un autre si cet autre résulte nécessairement du premier ; le premier étant posé, le second se trouve posé également, avec la même valeur et aux mêmes conditions que le premier. Une idée en implique une autre si elle ne peut être pensée sans l'autre (quand l'autre idée ne peut être pensée sans la première, l'implication est réciproque). Un fait en implique un autre lorsque l'expérience confirme qu'ils sont toujours liés, donnés ensemble (la difficulté est de déterminer lequel entraîne l'autre). Certains philosophes, par exemple O. Hamelin, distinguent une implication descendante et une implication dialectique : la première est analytique (d'un concept, on peut extraire ce qui est contenu dans sa définition) ; la seconde est synthétique (elle fait progresser la pensée : par exemple, l'unité n'implique pas analytiquement la pluralité, qui n'implique pas analytiquement la totalité, mais la première appelle la seconde, et l'une et l'autre appellent la troisième).

De façon générale, les philosophes estiment qu'il y a implication lorsqu'un rapport de nécessité logique rattache le conséquent à l'antécédent. À leurs yeux, ce rapport qui fonde la déductibilité n'est vraiment saisi que si l'on recourt à des considérations sémantiques. L'idée de conséquence logique suppose, en effet, deux choses : un lien nécessaire entre principe et conséquence, mais aussi, entre les deux propositions, une congruence de signification (R. Blanché).

La logistique, ne pouvant faire entrer dans le calcul formel aucune nécessité intelligible, s'efforce de ramener tout rapport entre propositions à des jonctions assertoriques (modalité d'existence, distincte d'une modalité de nécessité : les jugements assertoriques sont vrais en fait, mais non nécessaires). L'implication matérielle de B. Russell se vérifie de deux propositions qui sont vraies l'une et l'autre sans qu'elles enveloppent aucune nécessité (exemple : « César a franchi le Rubicon » et « Socrate a bu la ciguë »). L'implication formelle de C. I. Lewis (qu'il nomme implication stricte) repose sur la théorie des variables distribuées de part et d'autre : si deux propositions contiennent des variables qui leur sont communes, leur implication est vérifiée pour n'importe quelle valeur de ces variables (exemple : « X est homme » implique « X est mortel », quel que soit X) ; la liaison est celle de la communauté des variables, mais la nécessité qui devrait commander l'appartenance des variables n'est pas manifestée.

En fait, les logiciens formalistes sont obligés d'éliminer du calcul des propositions tout élément qui resterait intuitif ; ils ne peuvent transcrire des expressions telles que « résulte nécessairement », « est posé par là même » ; ainsi en viennent-ils à substituer la dérivabilité à la déductibilité proprement dite.

— Henry DUMÉRY

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Écrit par

  • : professeur de philosophie à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Pour citer cet article

Henry DUMÉRY. IMPLICATION, philosophie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • INEFFABLE

    • Écrit par Henry DUMÉRY
    • 419 mots

    « Ce dont on ne peut parler, soutenait Wittgenstein, il faut le taire » ; car l'inexprimable, le mystique, se montre et ne se dit pas. Un indicible dont il n'y aurait ni ostension ni expression ne serait pas seulement ineffable, il serait inexistant. De toute façon, il y a quelque chose de dérisoire...

Voir aussi