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IBN ‘ARABĪ (1165-1241)

L'œuvre et les problèmes d'attribution

L'œuvre d'Ibn ‘Arabī pose un problème complexe à un double point de vue. D'une part, il est malaisé de faire le départ entre les ouvrages authentiques et les ouvrages apocryphes. La dispersion de l'œuvre, parfois dans des endroits ignorés, fait obstacle à un recensement exact. D'autre part, il est difficile de distinguer avec précision les œuvres qui furent écrites en Afrique du Nord et celles qui le furent dans le Proche-Orient. Pour élucider ce problème de classification chronologique, on peut relever qu'Ibn ‘Arabī lui-même, vers la fin de sa vie, a laissé deux listes de ses écrits, dans lesquelles il n'a enregistré que trois cent dix-sept titres, tout en déclarant qu'elles n'étaient pas exhaustives. De cet ensemble seulement cent six titres ont leur correspondant dans le répertoire général de son œuvre, alors que dans les divers fonds de bibliothèques de l'Orient et de l'Occident près de neuf cent quarante-huit titres d'œuvres lui sont attribués, mais ne se trouvent pas dans les listes établies par lui. L'auteur de cet article, durant la préparation du répertoire général de l'œuvre d'Ibn ‘Arabī (préparation qui a exigé plusieurs années de labeur et de recherches et la consultation de la plupart des fonds de manuscrits qui se trouvent au Proche et Moyen-Orient et en Afrique du Nord), a constaté que chaque fois qu'un manuscrit anonyme apparaît avec des caractéristiques ésotériques, ou philosophiques, ou mystiques, le copiste ou l'archiviste, même hautement spécialisé, l'attribue immédiatement à Ibn ‘Arabī.

La partie de l'œuvre qu'on peut consulter donne une idée des thèmes, des modes de composition et des intentions de l'auteur. Elle traite des sujets suivants : exégèse, tradition prophétique ; ésotérisme ; métaphysique ; éthique mystique ; jurisprudence ; poésie. Le mode de rédaction s'éloigne de la formule systématique : le maître se plaît, en effet, à aborder dans un même ouvrage ou un même chapitre une foule de sujets. Sa pensée évolue en spirale à la verticale, autour de la même idée centrale, s'éloignant d'elle et y revenant sans cesse, l'idée qui a dominé et oriente toute sa vie : l'ésotérisme.

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Écrit par

  • : docteur de l'université Al-Azhar, Le Caire (alimiyya), docteur ès lettres, université de Paris-Sorbonne, maître de recherche au C.N.R.S.

Classification

Pour citer cet article

Osman YAHIA. IBN ‘ARABĪ (1165-1241) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AVICENNE, arabe IBN SĪNĀ (980-1037)

    • Écrit par Henry CORBIN
    • 8 902 mots
    • 1 média
    ...Avicenne le pur péripatétisme, mais l'œuvre de Sohrawardī, qui ressuscita la « philosophie orientale » de l'ancienne Perse, et l'influence de la théosophie d' Ibn ‘Arabī, très rapidement intégrée (ou réintégrée) à la gnose shī‘ite. L'œuvre d'Avicenne n'a cessé d'être enseignée et commentée en Iran jusqu'à nos...
  • ISLAM (La religion musulmane) - Les sciences religieuses traditionnelles

    • Écrit par Chafik CHEHATA, Roger DELADRIÈRE, Daniel GIMARET, Guy MONNOT, Gérard TROUPEAU
    • 12 170 mots
    ...). Il est à noter que Marie, la mère de Jésus, est la seule femme qui ait droit dans le Coran (v, 75) au qualificatif de « juste » (ṣiddīqa). Ibn ‘Arabī, « le plus grand des maîtres » (mort en 1240), précise dans ses Futūḥāt (ii, p. 24) que « le ṣiddīq trouve, par une nécessité...

Voir aussi