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HYPÉRION

L'un des Titans, père d'Hélios (le Soleil), de Séléné (la Lune) et d'Éos (l'Aurore), identifié parfois lui-même avec le Soleil (son nom signifie en grec « celui qui va au-dessus [de la Terre] »), Hypérion n'occupe dans la mythologie ancienne qu'une place secondaire. C'est au temps du romantisme que John Keats lui confère la valeur et la beauté d'un mythe majeur en écrivant son Hypérion : la supplantation d'Hypérion, dieu solaire du titanisme originel, par Apollon, dieu solaire du nouvel âge humain, correspondant pour Keats à la nécessité pour la beauté de passer à travers la souffrance si elle veut être victorieuse ; l'épopée (demeurée inachevée) marque un des sommets du projet capital de Keats : extraire de l'hellénisme ancien, contre le classicisme, tout ce qui permet l'essor romantique.

Keats ignorait, en écrivant son poème, un autre chef-d'œuvre écrit et publié quelque vingt ans plus tôt : Hypérion ou l'Ermite de Grèce (Hyperion oder der Eremit von Griechenland) de Friedrich Hölderlin. Le héros de ce poème épistolaire en prose est un jeune Grec de la fin du xviiie siècle et non une figure mythologique ; mais ce n'est sans doute pas par hasard que Hölderlin lui a choisi un tel nom, porteur de titanisme solaire ; sans avoir jamais entendu parler l'un de l'autre (Hölderlin était inconnu en Angleterre vers 1820 et déjà muré dans sa folie lorsque Keats commençait à peine à écrire), les génies fraternels de Keats et de Hölderlin se rejoignent romantiquement dans une même méditation des sources sombres de l'hellénisme.

— Nicole QUENTIN-MAURER

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Pour citer cet article

Nicole QUENTIN-MAURER. HYPÉRION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • EMINESCU MIHAIL (1850-1889)

    • Écrit par Alain GUILLERMOU
    • 1 552 mots
    ...avait également claire conscience de son génie et de son destin comme poète et comme homme. Il a laissé dans son chef-d'œuvre, le poème « Luceafărul » («   Hypérion »), une sorte de testament spirituel : une jeune enfant, fille de roi, est amoureuse d'un astre brillant. Elle l'appelle chaque soir de la fenêtre...
  • HÖLDERLIN FRIEDRICH (1770-1843)

    • Écrit par Jean-Pierre LEFEBVRE
    • 4 972 mots
    • 1 média
    ...littéraire de Schiller, il avait publié dans la revue Thalia un premier fragment de ce qui devait être son œuvre achevée la plus connue en son temps : Hypérion, dont la version complète paraîtra en deux livres chez Cotta quelques années plus tard (1797-1799). Il s'agit d'un roman par lettre, censé se...

Voir aussi