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WELLS HERBERT GEORGE (1866-1946)

Les idées de Wells

En dépit de ses nombreuses déclarations, Wells n'a jamais eu un esprit scientifique : ses idées naissent de ses goûts, de ses instincts profonds, de ses désirs personnels, plutôt que d'un raisonnement rigoureux. Elles sont la conséquence d'une découverte que fit Wells, avant de la placer dans la bouche d'un de ses personnages : « Si le monde ne vous plaît pas, vous pouvez le changer. » La leçon du darwinisme les colore, et leur ambiguïté fondamentale tient à l'existence, chez Wells, de deux éléments contradictoires : d'une part, la conscience de la fin inévitable vers laquelle se dirige l'univers, d'autre part, le désir de façonner un monde plus heureux, en modifiant le cours de l'évolution naturelle par le jeu de la volonté.

Ses idées politiques sont typiquement anglaises. Wells détestait Marx et voyait dans la classe moyenne, et non dans le prolétariat, le fondement du monde futur. Pour lui, « le socialisme est un processus intellectuel et moral [...]. Il n'affecte le monde de la politique que de manière accessoire et accidentelle. » L'éducation doit amener l'individu à prendre conscience des problèmes posés par l'évolution et à se placer volontairement au service de l'espèce. Reposant sur des données biologiques, et négligeant l'économique, ce socialisme est élitiste, non démocratique : la démocratie doit disparaître car elle repose sur la démagogie, et le pouvoir doit revenir à une élite qui, étant amenée par sa fonction à se pencher scientifiquement sur les problèmes de l'espèce, se dégagera d'elle-même. Finalement, les barrières entre les nations seront abolies et un État universel gérera les ressources de la planète au mieux des intérêts de ses habitants. Les rapports entre individus se trouveront modifiés par la prise de conscience, chez chacun, des fins de l'espèce. Tous les interdits hérités de l'ère victorienne seront levés, pour autant qu'ils n'affectent pas l'avenir des enfants. Contrairement à une opinion très répandue, Wells ne s'est jamais posé en défenseur du progrès scientifique. La volonté, correctement guidée, devait seulement permettre d'utiliser les ressources de la technologie moderne pour mettre l'humanité à l'abri d'une évolution aveugle et lui ouvrir le chemin du millénium.

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Jean-Pierre VERNIER. WELLS HERBERT GEORGE (1866-1946) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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